Un rapport publié jeudi par une agence fédérale des États-Unis, la Substance Abuse and Mental Health Services Administration (SAMHSA), chargée des questions d’abus de stupéfiants et de santé mentale, a appelé à mettre fin à toute pratique de « thérapie de conversion » pour les adolescents « lesbiennes, gay, bi et trans », estimant que ces programmes sont fondés sur la fausse croyance selon laquelle l’homosexualité est une maladie mentale susceptible de guérison.
L’interdiction est déjà en vigueur dans quelques États. Ce que préconise SAMHSA, c’est de mettre totalement hors-la-loi une pratique qui « renforce les stéréotypes de genre ».
Comme souvent, la proposition de limiter sévèrement les droits des parents et des institutions religieuses qui ont recours à ce type de programmes repose sur un fait divers tragique, utilisé comme moteur et prétexte pour la restriction des libertés. Il s’agit de la mort, en avril dernier, de Joshuah Ryan « Leelah » Alcorn, adolescent de 16 ans qui se percevait comme une fille coincée dans un corps de garçon. Né dans un environnement chrétien, il avait fait l’objet de pressions de la part de ses parents qui l’avait isolé de son école et de ses amis, et avait fini par se suicider en se jetant devant des voitures sur une autoroute près de chez lui. Il était sous antidépresseurs – le Prozac, connu pour provoquer des pensées suicidaires, ce qui ne l’a certainement pas aidé à sortir de sa détresse.
Le suicide d’un jeune trans aboutit à un rapport demandant l’interdiction totale des thérapies de conversion
Mais de la détresse réelle de ce jeune, et semble-t-il d’un manque de sensibilité de la part de ses parents, on veut aujourd’hui tirer argument pour empêcher toute aide professionnelle visant à aider les adolescents à retrouver l’harmonie entre leur corps et la perception qu’ils en ont. Barack Obama lui-même avait promis une loi.
Les auteurs du rapport SAMHSA, rédigé par des psychologues, des psychiatres et des travailleurs sociaux de l’organisme et de l’American Psychological Association, estiment que ces thérapies ne sont d’aucune efficacité pour modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, et les jugent « dommageables ». En revanche – et c’est tout le paradoxe – rien n’est dit contre la chirurgie de « réassignation de genre » que réclamait notamment Alcorn, et qui consiste à refuser radicalement de s’accepter tel qu’on est.
Le changement de sexe ou de « genre » est ainsi totalement soumis à la subjectivité de l’individu, à une période de sa vie, celle de la puberté, où justement les problèmes d’identité se posent de la manière la plus aiguë, aggravés par la difficulté à avoir conscience de soi induite par des méthodes d’apprentissage global, comme l’ont montré les travaux d’Elisabeth Nuyts.