Il y a maintenant plus de deux ans, le porte-avions russe Kuznetsov et son escorte s’étaient approchés des côtes britanniques, tout en restant dans les eaux internationales. Etant donné que cette manoeuvre n’était pas du goût de Londres, la Royal Navy dépêcha sur place le destroyer HMS York pour surveiller les mouvements de ce groupe aéronaval appartenant à la Flotte du Nord.
Deux ans plus tard, il s’est produit un incident plus sérieux, toujours au large de l’Écosse. Pour le moment, le ministère britannique de la Défense (MoD) n’a pas souhaité faire de commentaires et répondre aux sollications de la presse d’outre-Manche.
Dès le 22 décembre dernier, les quotidiens The Scotsman et The News, établi à Portsmouth, ont indiqué que la Royal Navy avait envoyé le destroyer Type 45 HMS Defender au large des côtes écossaises afin d’aller voir de plus près un navire russe naviguant près de Moray Firth, une baie donnant sur la mer du Nord. Sans plus de précisions.
Il aura fallu attendre près de deux semaines pour en savoir plus. Du moins si l’on en croit ce qu’ont rapporté plusieurs journaux, dont The News et The Daily Mail. Ainsi, une source au sein du MoD a révélé que le HMS Defender avait bel et bien été envoyé en urgence en Écosse en réaction à la présence d’un navire lance-missiles russe à 30 nautiques de la côte.
L’approche du bâtiment de la marine russe a donné lieu à une opération coordonnée par l’état-major permanent de Northwood menée conjointement par la Royal Navy et la Royal Air Force, cette dernière ayant dépêché sur la zone un avion de reconnaissance. Selon The Daily Mail, les photographies aériennes prises ont montré que le navire en question disposait de la totatilité de son armement, à savoir des missiles de croisière.
L’équipage du HMS Defender a ainsi dû parcourir 600 miles depuis Portsmouth car, écrit le quotidien britannique, "il n’y a plus de navires de patrouille maritime naviguant au large de l’Écosse en raison des compressions budgétaires". Quant au navire russe, son commandant a donné l’impression d’attendre la réaction de la Royal Navy…
"Ce n’était pas un exercice – le navire russe se comportait de façon très agressive dans un plan d’eau bordant les eaux territoriales de la Grande-Bretagne", a expliqué une source placée au sein du MoD. "Il a été suivi de très près par la RAF et il a été convenu que le HMS Defender devait bloquer le passage aux Russes", a-t-elle ajouté. Reste qu’il aura fallu plus de 24 heures à la Royal Navy pour se rapprocher du navire russe…
Quand le HMS Defender est arrivé sur zone, un face-à-face tendu a alors eu lieu, son équipage étant aux postes de combat. Finalement, le navire russe a quitté sa position et fait route vers la mer Baltique.
Interrogé sur cet incident, Jonathan Eyal, un expert de la Russie au Royal United Services Institute (RUSI) a estimé qu’il s’agissait d’une manoeuvre d’intimidation de la part de Moscou. "La flotte russe se renforce et étend sa sphère d’influence. Elle a voulu montrer sa présence en mer du Nord et naviguer aussi près que possible des eaux britaniques. Les Russes savaient exactement ce qu’ils faisaient. Ils nous ont dit : Nous sommes de retour en mer du Nord et nous sommes puissants. Ils savent jusqu’où ils peuvent aller avant de se retirer", a-t-il expliqué au Daily Mail.
Ces derniers temps, les forces armées russes semblent chercher à tester les défenses de certains pays. En mars 2013, elles avaient ainsi envoyé des avions en Suède afin de simuler un bombardement.