Les hommages fusent de toutes parts : Helmut Kohl, l’ancien dirigeant allemand, est mort. Toute la classe politique française salue un grand homme, un grand européen, l’artisan de l’union franco-allemande et de la réunification de l’Allemagne. Aujourd’hui, on sait que Kohl, qui admirait Mitterrand, n’en oubliait pas les intérêts de son pays, c’est-à-dire la reconstitution de son Hinterland. Un concept un peu bateau de terminale, mais c’est de la realeconomik, si vous permettez le barbarisme.
Hommage à Helmut #Kohl, artisan de la réunification allemande, de la construction européenne et de l'amitié franco-allemande pic.twitter.com/k01SKDKU8p
— Nadine Morano (@nadine__morano) 16 juin 2017
Un homme est entré dans l'Histoire pour avoir fait tomber un mur.
D'autres rêvent aujourd'hui d'en construire. Ils perdront.
RIP Helmut Kohl— Raphael Glucksmann (@rglucks1) 16 juin 2017
Auf wiedersehen Helmut Kohl, au revoir à un grand européen. pic.twitter.com/ideUQNSkrZ
— Najat Belkacem (@najatvb) 16 juin 2017
Nadine Morano, Najat Belkacem (qui a fait zwei gross fautes à Wiedersehen et à Européen, majuscules bitte !), Raphaël Glucksmann, les Français les plus prestigieux que le monde nous envie rendent hommage au colosse de Bonn. Ils devraient peut-être modérer leur emphase car les boches ont roulé pour leur gueule avec l’Europe : le Deutsche Mark a été changé en euro à parité simple à calculer, alors que nous on s’est tapé une espèce de change humiliant, multiplier par 20 diviser par 3, et pire dans l’autre sens. Les trois quarts des Français se perdaient dans les prix, se faisant arnaquer ensuite comme pas deux avec une hausse terrible des mêmes prix, que nos traîtres de dirigeants n’ont jamais admise, alors que la moindre ménagère qui fait ses courses en supermarché avait pigé dès la première étiquette.
Cette monnaie unique a été le tombeau de notre souveraineté, et aujourd’hui, 30 ans après l’idylle Kohl-Tonton (un Mitterrand fatigué qui signera les traités européens sans y déceler le vice germanique), nous voilà avec des problèmes insurmontables. Le commissaire politique européen Moscovici a plus de pouvoir que le Premier ministre français, point barre. Merkel est à ce propos la digne descendante de Kohl, et de notre côté, on n’a eu que des tanches qui n’ont pas défendu la France. Et c’est mal barré avec Macron, qu’on croirait envoyé par l’Union européenne tellement il nous bassine avec l’Europe.
Il y aura toujours l’histoire pour les nuls et l’autre, la cachée, la mauvaise, celle pour les emmerdeurs et les empêcheurs de penser en rond. On parle de nos cousins les Germains, ça tombe bien : ce vendredi 16 juin 2017, des centaines de milliers de bacheliers suaient sur l’épreuve d’histoire-géographie. Les séries ES et L se sont tapé « Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne des lendemains de la Seconde Guerre mondiale à nos jours » (tiens, une année sans shoah), ce qui a dû refroidir quelques ardeurs. Heureusement, il y avait un sujet commun à la série S : « Le Chine et le monde depuis 1949 », qui permettait aux glandeurs de pipeauter un peu plus.
- 1949, Mao réveille la Chine...
On ne va pas corriger les sujets, comme on l’a fait brillamment hier. Simplement rappeler que, du haut de nos petites connaissances en histoire, géographie et politique internationale, on ne voit même pas comment un ado peut comprendre ce qui se trame au-dessus de sa tête. On a interrogé des élèves de terminale sur leur perception des événements du Proche-Orient. Et là, pour dire la vérité, ça a été terrible : un mélange de boulettes de confusion et de contre-vérités roulées dans une mélasse de propagande à peine imaginable. La faute au programme ? Aux profs ? Aux élèves eux-mêmes ? Au Système ? Non, à tous et à personne. La lucidité vient avec les lectures et les contre-lectures. Cela prend du temps, et à 18 ans, on ne peut pas disposer d’une vision globale cohérente. On se fabrique un puzzle étrange qui jure avec le réel, des pièces qui se chevauchent ou qui laissent des espaces entre, et tout le monde regarde ailleurs...
Car ce qui est enseigné en Histoire (la géo se prête moins à la propagande) ne peut pas entrer en collision avec la pensée dominante : les programmes sont établis par des profs surveillés par la hiérarchie de l’Éducation nationale, elle-même sous la coupe des trotskistes qui ont noyauté l’institution, et qui distillent ce mélange de gauchisme sociétal et d’américano-sionisme qu’on retrouve dans toutes les pages des manuels et dans toutes les têtes ainsi fécondées. Heureusement, ces mêmes têtes s’informent sur l’Internet, qui propose autre chose, et cela crée quelques conflits neuronaux, et c’est très bien : du doute jaillit la conscience.
- Le ministre Boulin est abattu le 30 octobre 1979
- Mesrine est abattu le 2 novembre 1979
En parlant de doute, l’irruption de l’affaire Grégory nous interroge. Le contexte est celui d’une remise en cause de la légitimité de la victoire écrasante de Macron et ses amis, qui jouent sur la rénovation et la moralisation de la vie politique : moins de professionnels, plus de société civile, moins de langue de bois, on ne prend plus les Français pour des enfants, bla bla bla. Le ministre de la Justice s’engluait dans des affaires lorsque soudain, le grand oncle et la grande tante du petit Grégory surgissaient dans la Lumière du Mal. Le peuple de France, passionné par l’affaire depuis 1984, détournait soudain le regard de sa Justice à la culotte sale pour s’émerveiller d’un miracle de la même justice, 32 ans après les faits.
- Commentez ce schéma, vous avez 3 heures
Une justice immanente, qui châtie les vrais coupables, et innocente les innocents. Que demande le peuple ? Tout cela nous ramène à ces couples affaires/contre-feux qui ont émaillé l’histoire politique de notre pays. Dont le meilleur – ou le pire – exemple fut l’abattage du bandit Mesrine, visiblement lâché par ses « amis » politiques, au moment critique de l’affaire Boulin, ce ministre assassiné qui gênait le couple Pasqua-Chirac. Attention, on n’est pas en train d’accuser les deux compères du RPR, on rappelle bêtement que la presse a toujours joué ce rôle tordu d’étouffeuse d’affaire sérieuse en lançant des pétards pour détourner l’attention du public.
On peut se tromper, mais la realpolitik nous apprend toujours qu’il faut aller vers le tordu pour comprendre, rarement vers le droit.