Ceux qui auront suivi les rencontres de coupe d’Europe Manchester City/PSG et Liverpool/Dortmund auront compris une chose. Pour les non-initiés, Paris a été éliminé sans gloire, c’est-à-dire sans combattre, tandis que les Anglais ont battu les Allemands sur le fil dans un match homérique, avec un public – au stade ou à la télé – qui n’avait pas vu une telle intensité depuis des lustres. Sur le papier, et en réalité, Paris était meilleur que City, et Dortmund que Liverpool. Alors pourquoi Paris a-t-il perdu et Liverpool gagné ?
- Une équipe, un peuple, un guide
PSG/Liverpool, une différence de kop
Le soutien populaire est le 12ème homme d’une équipe. Les équipes modernes, déconnectées de leurs supporters organiques, évoluent hors-sol, et ne bénéficient plus de la ferveur que connaissaient les équipes ancrées dans leur environnement. On pense au onze stéphanois des années 1970-1980, qui avait tout un stade, toute une ville, tout un bassin ouvrier derrière lui. Et même toute la France, quand les Verts ont commencé à émerger au niveau européen.
Après avoir licencié son public populaire, son fameux kop traité de « raciste », de « fasciste » voire d’ « antisémite », le PSG a retrouvé le calme dans les tribunes, et une pluie de dollars du Qatar : 480 millions d’euros de budget annuel, contre 255 pour City. Oui mais à l’aller, comme au retour, sans la ferveur transmissible du public, l’équipe n’a pas pu élever son jeu. Pas de transcendance possible, personne ne voulait « mourir » pour ce club. Une transcendance que Liverpool a montrée tout au long de ces 94 minutes qui entreront dans son histoire. Sur la place de la République comme dans les travées du Parc des Princes, le remplacement du peuple incontrôlable par les bobos soumis (ils lui ont même volé sa révolution, en la transformant en jouet) est une victoire à la Pyrrhus.
Agnès Saal, la Rom de service (public)
Restons dans la chourave et la transcendance, voulez-vous. Le sacrifice pour les autres, ce qu’on appelle le service public, c’est pas non plus ce qui a étouffé Agnès Saal. La crevette apparatchik écope de trois mois ferme et 3 000 euros d’amende. Ouf. L’amorale est sauve. Alors elle, elle cumule. Dans le genre sorcière gauchiste caviardeuse de nos impôts, elle grimpe direct sur le podium national.
Résumé de l’affaire : à la tête du Centre Pompidou, elle enregistre plus de 60 000 euros de notes de taxi qui n’ont rien à voir avec ses déplacements professionnels, un « service » dont son fils aura aussi largement profité. Népotisme total sur le dos de la communauté nationale. L’argent public, c’est son argent de poche. On s’en fout que ce soit des notes de tacot, de resto ou de lifting, ce qui compte, c’est la cupidité, la duplicité, le vice. Heureusement, Nénesse garde ses points retraite, gagnés à la sueur de son front même pas national. Et c’est ça qui représente la France... De Gaulle serait vivant, il te foutrait cette pillarde au bagne, à casser des cailloux. En Guyane, la récidiviste ! Touche pas au grisbi, Saal... !
Cette voleuse symbolise tout ce que le peuple déteste, et dont l’élite n’est pas vraiment consciente. Au lieu de pisser dans un violon la nuit et faire chier les flics qui ont autre chose à foutre, les rebelles stériles des Nuit Debout devraient marcher sur l’Élysée, Matignon et autres symboles du pouvoir. Et puis non, quand on y réfléchit bien, ça ne servirait à rien : les président, ministres et autres secrétaires d’État n’ont pas le pouvoir, ce sont juste des passe-plats, qui servent aujourd’hui de punching-ball aux gens en colère. Une espèce de micro-société écran. Regardez ce que les deboutistes mettent à Valls et au PS :
Et ? Et rien.
Si les politiques sont devenus aussi impuissants, soumis aux diktats de l’oligarchie américano-sioniste et – un cran en dessous – européenne, sans oublier le pouvoir nuisible des lobbies qui se torchent avec le bien commun, des politiques obligés de mentir sur leur pouvoir réel, les médias ne sont pas en reste. Question énormité du mensonge, on ne sait pas qui dépasse qui.
Quand tu confies la géopolitique à une cruche… ça finit en tartes dans la gueule
Ça aurait pu être un titre ou une réplique à la Audiard, toutes proportions gardées. Nous sommes le 29 mars 2016, Valérie Boyer rentre de Damas, où elle a rencontré Bachar al-Assad avec d’autres parlementaires français, plus Julien Rochedy. Alors que ce groupe a sauvé un peu l’honneur de la France, en lambeaux après le désastreux passage de la tornade Fabius (monsieur et madame), voilà comment Élisabeth Quin, aux commandes de ce journal politique et géopolitique quotidien, la reçoit. Sont présents lors de ce débat Marc Semo, le spécialiste des pages « Monde » à Libération, ainsi que Gérard Chaliand, l’universitaire expert es-conflits irréguliers. Le décor est planté. Écoutons la Quin :
Élisabeth Quin : « Valérie Boyer vous étiez à Damas ce week-end, vous avez rencontré Bachar al-Assad avec les, la délégation dont on a vu quelques images plus ou moins navrantes à l’instant, et qui concerne la jeune classe en tout cas, on va dire, plastronnait-il comme on a dit dans “Le Monde” ? […] Négocier avec Bachar al-Assad ou trouver une solution diplomatique avec lui, est-ce que ça participe d’un pragmatisme nécessaire ou de quelque chose de l’ordre d’une forme de lâcheté morale ou d’une dégueulasserie morale ? »
Gérard Chaliand : « Oh vous savez, moi j’aime pas beaucoup mélanger la morale avec la politique. Une fois pour toutes il faut le dire, c’est sans arrêt la morale la morale la morale, et puis finalement avec qui nous sommes ? Nous sommes avec les Saoudiens, très moraux, nous sommes avec monsieur Erdogan, très moral, alors il faut savoir de quoi on parle. Il est là, alors on peut pas faire sans… La diplomatie entre parenthèses c’est pour traiter avec des gens qu’on n’aime pas. »
La chroniqueuse Nadia Daam dresse alors devant Valérie Boyer, qu’elle assimile probablement à une assadiste radicale, un tableau des chrétiens torturés par Assad, qui se veut le défenseur des chrétiens de Syrie. Quand l’élue LR tente d’exposer la problématique syrienne en l’intégrant dans un cadre plus global, de géopolitique régionale et mondiale, Quin lui coupe sèchement la parole. L’animatrice peut compter sur le soutien de Libé…
Marc Semo à propos d’Assad : « Le nœud gordien, et c’est le cœur du problème aujourd’hui. Il est évident que la Syrie c’est vrai nous a pas déclaré la guerre, mais que ce régime syrien est le responsable de toute la crise. Le responsable de cette, de ce carnage, le responsable, selon toutes les organisations plus ou moins des trois-quarts des 260 000 morts voire même 400 000 selon certains estimations, le responsable de la plupart des réfugiés ! »
Mais le meilleur du pire est à venir. À la 26’, le chroniqueur Thibaut Nolte de formation « culturelle » fait le portrait « grinçant » d’Hassan Nasrallah. On se dit qu’on est quand même dans l’émission d’actu internationale d’Arte, qu’il y a donc un minimum de sérieux (on est aussi sur une chaîne publique), et voilà ce que ça donne :
On serait misogynes si on assimilait toutes les femmes à Saal et Quin. Heureusement qu’il y a les femmes du quotidien pour effacer cette triste impression. Pauvre Quin, qui est soit sotte – en croyant dur comme fer à repasser à la version officielle sur la Syrie – soit veule, en obéissant aux ordres supérieurs d’aboyer sur Valérie Boyer. On ne vous fait pas un dessin, n’est-ce pas. On va finir ce UJEF en beauté(s) avec le Festival de Cannes, où les femmes sont encore à l’honneur.
Victoire des Cannasses avant même le concours
Cannasses ? Petit montage de mots destiné à introduire le sujet : pour le 69e Festival de Cannes, les organisateurs ont convoqué, fait remarquable, trois films de femmes. Oui, il faut aujourd’hui distinguer le film de femme du film d’homme, et du film d’homo. On attend avec fébrilité le film de robot, ou d’homme-machine. Un exemple ? Le long-métrage des frères Bogdanov qui ont croisé Dieu dans les confins de l’Univers et qui leur a remis le secret de la Vie Éternelle. Avant qu’un enfant – un fils de, bien entendu – ne passe derrière la caméra (ça, on va pas y couper, vous allez voir).
« Le cinéma français s’autodétruit à Cannes. Vous parlez avec les gens, les gens n’en ont rien à foutre des films qui sont sélectionnés là-bas, c’est du copinage. » (Olivier Marchal)
Passées ces quelques vannes à la con, mais qui font baisser la pression de la connerie, on comprend que le Festival n’est pas imperméable au sociétal : depuis une décennie, le thème politique bien-pensant dominant se retrouve palmé à Cannes. On a eu les pauvres cons (Rosetta), les gouines mineures (La Vie d’Adèle), les immigrés gentils (Indigènes, prix d’interprétation masculine), les juifs martyrisés (Le Pianiste), les vieux déprimants (Amour)… Traduction ? Cannes récompense les minorités souffrantes, Cannes rend la justice, Cannes répare le monde. Cannes est en avance sur les mœurs, et sur la justice.
À l’arrivée, un cinéma chiant, qui vide les salles et fait gagner le cinéma américain de merde, qui a l’avantage de ne pas être chiant. Olivier Marchal peut alors parler avec raison d’« autodestruction ». Avant d’écouter son passage aux Grandes Gueules de RMC, on fait le pari que « les femmes » gagneront quelque chose cette année… En attendant un Indigènes avec les soldats homosexuels de la coloniale qui sauvent la France en 1944.