On ne peut comprendre Bernanos que si l’on acte que le lieu d’où il parle, le socle de son système de valeurs est L’HONNEUR.
Cette vertu cardinale a disparu de l’épistémè collective occidentale à la faveur des boucheries de 14-18 et 39-45, qui ont vu l’homme déshonorer l’humanité.
C’est en homme de volonté que Bernanos interpelle l’honneur viril sur le délitement du sens moral induit par la privatisation confessionnelle / communautaire de la res publica, le bien commun / la chose publique.
Le style nerveux, emporté, imprécatoire, et la tonitruance du verbe, sont le hurlement terminal de l’homme d’honneur pour sauver la France. Si Georges Bernanos avait été lu et entendu, la basse-cour de politocards de Mitterrand à Macron n’aurait jamais existé.
L’honneur, au sens bernanossien, survit douloureusement chez les individus qui incarnent, par leur intransigeance et leur rectitude morales, l’aristocratie de l’être et de la pensée. J’ai croisé quelques personnes d’honneur, et je me suis empressé(e) de faire l’amour avec ces individualités, pour assouvir un besoin nostalgique de captation magique.
Bernanos aurait maudit mai 68, haï l’invasion de l’Irak, honni l’assassinat de kaddafi et de Chávez, serré la main à Poutine, exalté Trump, conspué l’avortement, vitupéré contre la prostitution journalistique de grand chemin, répudié les Femen, pleuré convulsivement devant le brasier de Notre-Dame. Le sens de l’honneur d’un Georges Bernanos correspond à un âge d’or de la chevalerie morale.