John Nixon estime que le développement de l’État islamique aurait été impossible si le régime baasiste s’était maintenu. S’il condamne la brutalité de Saddam Hussein, il dit être désormais sûr de l’absence d’armes de destruction massive dans le pays.
John Nixon, ancien agent de la CIA, publie dans les jours à venir ses mémoires, Debriefing The President : The Interrogation Of Saddam Hussein, dans lesquelles il revient notamment sur l’un des interrogatoires les plus marquants de sa carrière : celui de Saddam Hussein, l’ancien président irakien, interrogé avant le procès au terme duquel il a été exécuté.
Évoquant un homme « courtois et en bonne condition physique », John Nixon insiste dans son ouvrage sur l’absence de fiabilité des informations dont disposaient les services secrets américains. « Toutes nos informations étaient fausses », déplore-t-il.
« Je ne sais pas d’où vous tenez vos renseignement, mais ils sont entièrement faux », s’amuse Saddam Hussein, tout en invalidant un certain nombre d’éléments dont les États-Unis semblaient persuadés : des plus anecdotiques, comme le fait que le président irakien ait cessé de manger de la viande et de fumer (ce qui s’est révélé faux), jusqu’aux plus sérieux, en ce qui concerne notamment la possession présumée d’armes de destruction massive. « Utiliser des armes chimiques contre nos voisins ? Nous n’avons jamais eu cette intention. Quel individu en pleine possession de ses moyens ferait une chose pareille ? », s’indigne Saddam Hussein, avant de conclure ironiquement : « Vous avez trouvé un traître pour vous mener jusqu’à moi, mais pas un seul traître pour vous révéler l’emplacement de ces armes ? »
Avec le recul, John Nixon admet que « l’Irak n’était pas un État terroriste ». Saddam Hussein est le premier étonné de se voir reprocher d’entretenir des liens avec Al-Qaïda et Oussama Ben Laden. Affirmant que George Bush a sciemment menti pour le renverser, Saddam Hussein met en garde les États-Unis.
« Vous allez échouer. Vous allez découvrir qu’il n’est pas aisé de gouverner l’Irak. Vous allez échouer parce que vous ne connaissez pas notre langue, vous ignorez notre histoire et vous ne comprenez pas l’esprit arabe », lui a confié le Raïs.
John Nixon admet rétrospectivement que le président irakien avait partiellement raison et qu’il « aurait dû rester au pouvoir ». « En dépit de la brutalité de son régime, seul un homme de poigne tel que lui pouvait tenir un État multiethnique comme l’Irak », explique-t-il.
Plus surprenantes sont les conclusions auxquelles il parvient, lorsqu’il évoque le détachement avec lequel Saddam Hussein a gouverné son pays dans les dernières années, de manière presque passive. « Il était tout à fait ignorant de ce qui se passait dans son pays et ne prêtait presque plus attention à ce que faisait son gouvernement », affirme l’ex-agent de la CIA.
Concernant l’imminence de l’attaque américaine, Saddam Hussein ne semblait pas davantage préparé, ni militairement, ni politiquement : « Il n’avait aucune appréciation de l’immensité de l’orage qui approchait », écrit John Nixon.
Bien au contraire, Saddam Hussein semble avoir cru que son pays et les États-Unis se rapprocheraient dans le cadre d’une lutte contre le terrorisme, au lendemain du 11 septembre. « Qui est derrière le 11 Septembre ? Des Saoudiens. Et le leader ? Un Égyptien. Pourquoi serais-je impliqué ? » demande-t-il à son interrogateur.
John Nixon, de son côté, estime que le maintien de Saddam Hussein à la tête de l’Irak aurait permis de conserver la stabilité, et sans doute endigué la progression du terrorisme islamiste au Moyen-Orient.