Invité à assister au 1er congrès des Amis d’Israël, l’Israélien Ofer Bronchtein, Président du Forum international pour la paix, a été agressé physiquement par des membres de la Ligue de défense juive qui l’ont empêché d’entrer dans la salle où cet événement était organisé le 3 avril 2012 à Paris.
A l’initiative du groupe d’Amitié France-Israël et avec le soutien d’organisations juives de France dont le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), le 1er congrès des Amis d’Israël a été organisé le 3 avril 2012 à la salle de la Mutualité à Paris.
Porteur d’une invitation officielle, Ofer Bronchtein a décidé de s’y rendre. Israélien, Président du Forum international pour la paix, il a occupé des fonctions importantes en Israël : Yitzhak Rabin, alors Premier ministre, l’avait nommé envoyé spécial à Tunis pour la préparation et le suivi des accords d’Oslo.« J’étais convié à ce congrès de Amis d’Israël par les organisateurs », précise Ofer Bronchtein. « En réalité, je n’ai pas besoin d’être ‘ami’ d’Israël, je suis moi-même israélien. Mais je suis venu parce que je suis convaincu que c’est une bonne chose d’exprimer son soutien et son amitié pour Israël, mon pays ».
Mal lui en a pris. A son arrivée à la salle de la Mutualité, des membres de la Ligue de défense juive (LDJ) l’attendaient pour l’empêcher d’entrer. Ce n’est pas la première fois que ce groupuscule d’extrême droite s’en prend à Ofer Bronchtein. C’est même la troisième fois. Mais cette fois-ci, ils l’ont agressé physiquement.
Et que font les organisateurs d’une soirée d’amitié avec Israël lorsqu’un Israélien est agressé ? « Rien », s’emporte Ofer Bronchtein. « Bien qu’ils m’aient expliqué qu’ils étaient embarrassés par cette agression, les organisateurs ont jugé bon de ne pas intervenir et le comble, c’est qu’ils m’ont demandé de partir. Au lieu de faire en sorte que des agresseurs soient neutralisés ou expulsés, c’est la victime qui doit s’en aller. Tacitement, les organisateurs se sont donc associés à leur violence ».
Aucun dirigeant du CRIF n’a dénoncé publiquement ce qui s’est passé. Ofer Bronchtein n’a toujours pas reçu le moindre communiqué des organisateurs annonçant qu’ils se dissocient de la LDJ ou qu’ils condamnent explicitement leur violence. « J’ai demandé à mon avocat d’entamer une procédure judiciaire », confie Ofer Bronchtein.
Il est surprenant que les institutions juives représentatives ne se désolidarisent pas de la LDJ : une organisation qui appelle à voter Marine Le Pen (Front national) aux élections. Et en ce qui concerne Israël, elle incitait au meurtre d’Yitzhak Rabin. Une fois qu’il a été tué, elle justifiait cet assassinat. « Les responsables de la communauté juive ne doivent pas ignorer que la LDJ est interdite en Israël », glisse Ofer Bronchtein. Et d’ajouter, « Comment peut-on organiser une manifestation des Amis d’Israël et laisser un groupuscule raciste interdit en Israël agresser un citoyen israélien ? Il y a un véritable problème au sein du judaïsme français organisé ».
Les racistes et les fascistes seraient-ils devenus les amis d’Israël et les Israéliens qui prônent le dialogue et la réconciliation seraient-ils les ennemis d’Israël ? Cet incident reflète une dérive inquiétante au sein d’une partie la communauté juive de France. « Ce n’est pas la communauté juive dans son ensemble. Pour sa part, elle se désolidarise majoritairement de groupuscule », insiste Ofer Bronchtein. « Il faut néanmoins que les Juifs de France prennent conscience que la LDJ existe bel et bien et que non seulement elle véhicule une idéologie haineuse et raciste mais elle s’attaque physiquement à des Juifs et à des Israéliens. Ils m’ont agressé et menacé en me disant qu’ils savent où j’habite. Ils m’ont même conseillé de quitter la France » !
Les agresseurs d’Ofer Bronchtein sont très fiers de cette agression et ils se répandent sur les sites internet israéliens d’extrême droite. Ils lui reprochent surtout d’avoir accepté un passeport palestinien que lui a remis symboliquement Mahmoud Abbas. « C’est un crime à leurs yeux. Au contraire, si c’est le Palestinien que je suis devenu symboliquement –même s’il n’y a pas de citoyenneté palestinienne- vient témoigner de son amitié à Israël, ils devraient être ravis », fait remarquer Ofer Bronchtein.
Aujourd’hui, ce militant israélien pour la paix ne cache pas son amertume : « Si j’avais été agressé par des antisémites en rue, de nombreuses organisations juives auraient très rapidement lancé un appel à manifester à la Bastille. Quand ce sont des fascistes juifs qui m’agressent, tout le monde se tait dans toutes les langues ».