La réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a été prolongée vendredi à Bali afin de permettre d’ultimes tractations visant à arracher un accord sur la libéralisation des échanges et ainsi sauver le devenir même de l’OMC.
Perçue comme celle de la dernière chance pour relancer les négociations sur l’ouverture du commerce mondial paralysées depuis douze ans, la réunion devait se terminer vers 15 heures locales, mais se prolongeait toujours en début de soirée.
Vers 20 h, les délégations des 159 États-membres se sont retrouvées pour une nouvelle rencontre.
« Je reste ferme », a lancé le ministre indien du Commerce, Anand Sharma, juste avant de pénétrer dans la salle des discussions. « Je ne vais nullement alléger ma position. L’Inde n’acceptera que quelque chose de correct », a-t-il ajouté, refusant une nouvelle fois de porter le blâme d’un échec possible de la réunion, dont le sort de l’OMC dépend.
« Pourquoi devrais-je être accusé de défendre les agriculteurs pauvres dans le monde et le droit à une sécurité alimentaire ? Si je dois être condamné pour ça, alors j’en suis fier », a-t-il ajouté.
Selon une source proche des négociations, un nouveau compromis a été présenté à l’Inde, qui exige que soit aboli le plafond imposé par l’OMC aux subventions agricoles, dans le cas où ces dernières serviraient à la mise en œuvre de programmes alimentaires.
New Delhi, disant parler au nom des 46 pays en développement du G33, veut offrir à prix artificiellement bas des denrées alimentaires de base à près de 800 millions de pauvres.
Fervents opposants, les États-Unis avaient proposé un premier compromis, mardi au début de la réunion de Bali, qui aurait consisté à offrir une « clause de paix » de quatre ans, selon laquelle aucune sanction ne serait recherchée contre les pays qui dépassent le plafond de subventions pour un programme de sécurité alimentaire.
Mais l’Inde a rejeté cette offre, exigeant que la « clause de paix » soit en vigueur jusqu’à ce qu’une solution permanente soit convenue et non pour quatre ans seulement.
Le nouveau compromis présenté vendredi soir à l’Inde prévoit que cette « clause de paix » soit renouvelable, a indiqué un membre d’une délégation, peu avant de s’engouffrer dans une des nombreuses réunions se succédant à Bali.
En contrepartie, l’Inde devrait s’engager à ne pas exporter ses produits agricoles subventionnés, rassurant ainsi des pays comme le Pakistan qui ont peur de voir leur marché submergé par le riz indien artificiellement bon marché.
Cette offre a réuni l’aval de l’Union européenne et des États-Unis, a précisé à l’AFP une source proche des négociations.
Cette solution permettrait d’arracher un accord, même a minima, et d’ainsi sauver une OMC menacée d’obsolescence.
Le « paquet de Bali », sur laquelle planchent les 159 ministres du Commerce réunis sur l’île indonésienne, doit être adopté à l’unanimité.
Cet ensemble de mesures a minima, surnommé un « Doha light », est présenté comme un moyen de relancer les négociations sur l’ouverture du commerce mondial, paralysées depuis leur lancement en 2001 à Doha, capitale du Qatar.
De nombreux responsables ont averti qu’un nouvel échec à Bali, après quatre réunions ministérielles vaines depuis le lancement du cycle de négociations de Doha, sonnerait le glas de l’OMC, au moins sous sa forme actuelle, voire du multilatéralisme en général.
Preuve que le régionalisme l’emporte de plus en plus sur le multilatéralisme, les ministres du Commerce des douze pays participant au projet de Partenariat trans-Pacifique, soutenu par les États-Unis, devaient s’envoler ce vendredi pour Singapour, où doit se tenir une réunion visant à faire signer cet accord de libre-échange d’ici à la fin de l’année.