À l’heure où s’intensifient les combats en Syrie, alimentés par les armes fournies, les fonds prodigués et les hommes recrutés par le truchement de deux États wahhabites, l’Arabie saoudite et le Qatar, s’achève à Istanbul le procès de 364 officiers turcs dont plusieurs anciens chefs d’armée et de corps d’armée, accusés de complot et d’une tentative en 2003 de renversement du gouvernement islamiste dirigé par le “Parti de la Justice et du Développement“ - AKP ! Dernière action judiciaire en date d’une série de grands procès politiques qui mettent la Turquie sens dessus dessous.
D’Ergenekon à Balyoz, le « marteau de forge » contre le pouvoir islamiste L’actuel procès “Balyoz“ - Plan dit masse d’enclume – dont l’instruction a commencé en 2010 et qui fait suite à « Ergenekon » – Opération marteau de fer – n’est que l’ultime épisode en date des procédures qui depuis 2007 balisent la confrontation en cours entre pouvoir politique islamiste et une armée jusque ici “intouchable“ car regardée comme l’inamovible gardienne de la “laïcité“… rôle qu’elle endossa jusqu’à conduire quatre putschs en un demi-siècle dans un pays où l’Islam ne cesse de regagner du terrain depuis 1948 et la première guerre israélo-arabe.
En février 2011, un tribunal d’Istanbul ordonnait l’incarcération coup de massue de 163 militaires de haut rang dans le cadre de l’instruction du dossier “Balyoz“, montrant ainsi la puissante détermination de l’AKP à poursuivre l’assainissement de l’Armée turque… c’est-à-dire en la purgeant de ses éléments les plus visiblement subervsifs et mafieux.
Rappelons qu’avant d’arriver en Albanie, une partie de l’héroïne afghane à destination de l’Union européenne passe par le territoire turc avec la complicité de certains éléments corrompus de l’Armée ! Reste qu’une lecture trop rapide et au premier degré de ces grands procès conduit immanquablement à se lamenter sur le terrain perdu par la laïcité dans un pays où les forces armées sont réputées incarner l’idéal démocratique du fondateur de la République, le 29 octobre 1923, Mustapha Kémal dont le mépris pour l’Islam n’est un mystère pour personne.