Le temple d’Agrippa fut dédié, sous Auguste, à tous les dieux du paganisme, d’où son nom de Panthéon. Sous l’empereur Phocas, entre 607 et 610, le pape Boniface IV y transporta de nombreux ossements de martyrs tirés des Catacombes. Le 13 mai 610, il dédia cette nouvelle basilique chrétienne à sainte Marie et aux Martyrs.
La fête de cette dédicace prit dans la suite un caractère plus universel, et l’on consacra ce temple à sainte Marie et à tous les Saints. Comme il existait d’autre part une fête de la commémoraison de tous les Saints, célébrée à diverses dates dans différentes églises, puis fixée en 835 par Grégoire IV au Ier novembre, le pape Grégoire VII transporta à cette date l’anniversaire de la dédicace du Panthéon. La fête de la Toussaint rappelle donc le triomphe que remporta le Christ sur les fausses divinités païennes. C’est dans ce temple que l’on fait la Station le Vendredi dans l’Octave de Pâques. Comme les saints honorés aux trois premiers siècles de l’Église étaient des martyrs et que le Panthéon fut aussi d’abord dédié aux martyrs, la messe de la Toussaint est faite d’emprunts à la liturgie des martyrs. L’Introït est celui de la messe de sainte Agathe, employé plus tard pour d’autres fètes encore ; l’Évangile, l’Offertoire et la Communion sont tirés du Commun des Martyrs.
L’Église nous donne en ce jour une admirable vision du ciel où elle nous montre, avec saint Jean, les douze mille inscrits (douze est considéré comme un nombre parfait) de chaque tribu d’Israël, et une grande foule que nul ne peut compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue, debout devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches et ayant des palmes à la main.
Le Christ, la Vierge, les bienheureuses phalanges distribuées en neuf chœurs, les apôtres et les prophètes, les martyrs empourprés de leur sang, les confesseurs parés de vêtements blancs et les chastes chœurs de vierges forment, nous dit l’Hymne des Vêpres, ce majestueux cortège. Il se compose en effet de tous ceux qui, ici-bas, ont été détachés des biens de la terre, doux, affligés, équitables, miséricordieux, purs, pacifiques et en butte aux persécutions pour le nom de Jésus. « Réjouissez-vous, leur annonçait le Maître, car une grande récompense vous est préparée dans le ciel ».
Parmi ces millions de justes, qui ont été disciples fidèles de Jésus sur terre, se trouvent plusieurs des nôtres : parents, amis, membres de notre famille paroissiale qui bénéficient aujourd’hui de ce culte, qui adorent le Seigneur, Roi des rois et Couronne de tous les saints et nous obtiennent l’abondance tant désirée de ses miséricordes. Le sacerdoce que Jésus exerce invisiblement sur nos autels où Il s’offre à Dieu, s’identifie avec celui qu’Il exerce visiblement au ciel. Les autels de la terre où se trouve l’ « Agneau de Dieu » et celui du ciel où se tient debout « l’Agneau comme immolé », ne font qu’un.
Aussi, à la messe, tout nous rappelle la patrie céleste. La Préface unit nos chants aux louanges des Anges et le Communicantes nous fait prier en communion avec la Vierge et tous les Saints.
Nous sommes aujourd’hui le 1er novembre, jour de la Toussaint ! En France, et plus largement en Europe, ce jour est considéré comme la commémoration des morts. Pour les familles, c’est l’occasion de se rendre dans les cimetières, sur les tombes de leurs proches, pour y déposer des chrysanthèmes.
Comme chaque année, cette fête religieuse pour certains, jour férié pour tous en France, survient le 1er novembre. Et si pour beaucoup cette date est avant tout un jour chômé, pour les croyants chrétiens, il s’agit d’un moment important de la liturgie, le « jour de tous les saints », et l’occasion de célébrer l’exemple des saints. Mais pour les non-chrétiens aussi, ce jour est une date clé dans le calendrier annuel. L’occasion pour eux de célébrer notamment la mémoire de leurs proches disparus en leur « rendant visite » dans les cimetières.
Attention cependant : la Toussaint n’est pas la Fête des morts ou All soul’s day (fête de toutes les âmes). Cette dernière a en effet lieu le lendemain, le 2 novembre. C’est seulement l’usage qui a fait « fusionner » les deux célébrations dans l’esprit de beaucoup, et le fait que le 1er novembre soit un jour chômé dans le pays qui incite les citoyens à aller visiter leurs morts dès la veille de la « véritable » fête des morts. Quoi qu’il en soit, la tradition vieille de plusieurs siècles va de nouveau se perpétuer cette année en semant des milliers de fleurs de chrysanthème dans les cimetières.
Célébrée en Europe, la Toussaint est aussi commémorée dans le monde entier. Au Mexique par exemple, la fête des Morts est célébrée le 2 novembre et c’est avant tout un jour festif. Si ce jour symbolique est considéré comme un jour de deuil chez nous, à l’autre bout du monde, les manifestations sont beaucoup plus joyeuses. Au Mexique, le Jour des morts est une célébration familiale, car les Mexicains considèrent que c’est une joie de rendre visite aux morts. Ce jour-là, les défunts reviendraient sur Terre pour recevoir les offrandes des vivants. Les Mexicains se retrouvent en famille pendant deux jours et cuisinent des plats typiques comme la tête de mort en sucre ou le « pan de los muertos », le « pain des morts ». C’est une fête qui réunit des millions de personnes. À Madagascar, cette date marque surtout la fin de la saison sèche et le début des pluies. Les familles malgaches se rendent ensemble au tombeau et déterrent les morts pour faire la fête avec eux. Le Japon est le pays où fleurissent les chrysanthèmes. Cette fleur est l’emblème de l’Empire japonais et les familles se rendent sur la tombe de leurs ancêtres. Un hommage très sobre, lorsqu’on compare avec la Sicile. Véritable fête, le Jour des morts est consacré aux enfants, qui sont gâtés de bonbons. Les familles se rendent avec leurs progénitures dans les catacombes pour qu’ils puissent toucher les os et garder un contact avec la mort.
La date de la Toussaint n’a pas toujours été fixée début novembre et ses origines sont enracinées dans une époque trouble, celle du Haut Moyen-Âge, constellé de spiritualité bâtie sur les ruines de l’Empire romain.