L’idée d’organiser une conférence internationale ou un groupe de contact sur la Syrie, proposée par la Russie, vise à appuyer, protéger et relancer le plan de sortie de crise de l’émissaire de l’ONU Kofi Annan. Il est clair que depuis l’adoption de ce plan de sortie de crise, l’alliance occidentalo-turco-arabe a mis en œuvre un projet intégré dans le but de le torpiller, sans assumer ouvertement la responsabilité de ce sabotage.
Cette alliance a intensifié son aide politique et matérielle aux insurgés, accélérant les transferts d’armes, d’argent et d’hommes vers la Syrie, et assurant une couverture médiatique globale aux rebelles.
Le délégué permanent de Russie aux Nations unies, Vitali Tchourkine, a ainsi estimé, samedi, que les démarches des « amis de la Syrie » ne contribuent pas à régler la crise syrienne, car au lieu d’appliquer le plan Annan, ce groupe cherche à renverser le pouvoir syrien. « Nous estimons que les ’amis de la Syrie’ -qui se réuniront à Paris à l’initiative du président français François Hollande le 6 juillet-, sont une structure nuisible, car leur activité se ramène de fait à différents subterfuges destinés à renverser le gouvernement en place à Damas et non à des démarches visant à appliquer le plan formulé par Kofi Annan », a déclaré M. Tchourkine à la chaîne de télévision Rossia-1.
La conférence proposée par Moscou pourrait réunir une quinzaine de pays, dont tous les membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu (Russie, États-Unis, France, Grande-Bretagne et Chine), le Qatar et l’Arabie saoudite, ainsi que les voisins de la Syrie : le Liban, la Jordanie, l’Irak, la Turquie et l’Iran. Des structures internationales telles que la Ligue arabe, l’Organisation de la coopération islamique, l’Union européenne et l’ONU doivent également prendre part à ce forum qui se réunirait sous l’égide des Nations unies.
Dans une volonté de torpiller cette initiative, les États-Unis et la France se sont catégoriquement opposés à l’idée d’associer l’Iran au règlement de la crise syrienne.
Face à l’attitude négative de l’alliance occidentale, la Russie durcit ses positions et commence à nommer les choses par leurs noms.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a révélé lors d’un point de presse que Moscou dispose d’informations dignes de foi attestant que les groupes armés de l’opposition syrienne sont placés sous le commandement de forces extérieures. Il confirme ainsi ce que s’évertue à dire Damas depuis le début de la crise, sur le fait que ce qui secoue la Syrie n’est pas un mouvement de contestation populaire pacifique mais un complot ourdi par des forces étrangères, qui utilisent une violence sans limites. « Nous avons suffisamment de preuves confirmant que les rebelles reçoivent des armes et d’autres moyens dont ils ont besoin pour maintenir leur capacité de combat et que des renseignements sont mis à la disposition de l’Armée syrienne libre (ASL) », a affirmé le ministre.
Selon M. Lavrov, Moscou sait bien où se trouve l’état-major de l’ASL et quels sont les pays qui financent la rébellion. « D’ailleurs, ces pays ne le cachent pas : nos collègues saoudiens et qataris en parlent ouvertement. Des hommes d’affaires syriens se sont réunis, hier, à Istanbul, pour annoncer la création d’un fonds destiné à financer l’Armée syrienne libre », a indiqué le chef de la diplomatie russe.
Il s’est dit persuadé que ces informations sont bien connues des services spéciaux de l’OTAN. « Lors d’entretiens privés, menés sans journalistes, nos collègues (occidentaux) se montrent parfaitement au courant de ce qui se passe réellement en Syrie », a-t-il souligné.
Le ministre a réaffirmé l’attachement de la Russie au plan Annan. « Je ne crois pas qu’il soit impossible d’appliquer le plan de l’émissaire de l’ONU, a-t-il dit. Je ne dirais pas qu’aucun point du plan de Kofi Annan n’est réalisé, bien que certains de nos collègues préfèrent le dire pour faire monter la tension », a-t-il ajouté. Le ministre a rappelé que les autorités syriennes coopèrent avec l’équipe de l’émissaire international conformément au premier point du plan et M. Annan se félicite de ces contacts. « Rien n’empêche l’équipe de M. Annan de communiquer avec les autorités », a ajouté le chef de la diplomatie russe.
Depuis des mois, nous affirmons dans ces colonnes que le dénouement de la crise syrienne définira la nature des équilibres mondiaux et des relations internationales. M. Lavrov vient de confirmer à quel point ce qui se passe en Syrie est crucial pour l’avenir du monde. « La façon dont sera réglée la crise syrienne aura un rôle extrêmement important dans l’avenir de notre monde. Il s’agira alors soit d’un monde basé sur la Charte de l’ONU, soit d’un monde où le droit du plus fort sera reconnu et respecté », a indiqué le ministre.
Pendant ce temps, l’agence FARS iranienne a rapporté que des groupes extrémistes en Syrie se sont équipés d’armes chimiques en provenance de la Libye. Selon l’agence, des « terroristes », se trouvant actuellement sur le territoire turc, s’entraînent à manier les gaz de combat. Leur objectif est de perpétrer une attaque contre la population civile et en accuser ensuite l’armée nationale syrienne.
« Toute information publiée actuellement ou à l’avenir sur un éventuel recours à l’arme chimique par l’armée gouvernementale syrienne signifiera que les terroristes ont recouru à cette arme contre la population pour en faire porter la responsabilité à l’armée et au gouvernement syrien » , annoncent des médias syriens cités par l’agence FARS.