Les médias traditionnels, si avides d’informations sur le conflit syrien, et si impatients de voir le peuple syrien sortir de la détresse dans laquelle il est plongé, ne semblent pas particulièrement intéressés à parler d’une initiative visant à apporter une solution dès lors qu’elle provient d’un pays comme l’Iran ; une pays honni par l’Occident et que les sionistes veulent mettre au ban des nations.
Une dépêche de Reuters (8 juillet 2012) reprise par Le Point et le Nouvel Observateur rend compte de cette conférence en Iran comme suit :
« Alors que la situation apparaît confuse à Alep, la capitale économique de la Syrie, l’Iran, soutien clé du président syrien Bachar al Assad, organise une conférence ministérielle jeudi en Syrie visant à mettre fin à un conflit qui bascule chaque jour un peu plus dans la guerre civile. La conférence doit réunir une dizaine de ministres des Affaires étrangères représentant des Etats dont les positions sont proches de celle de l’Iran mais l’origine des participants n’a pas été divulguée. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a qualifié la réunion d’occasion “de remplacer les affrontements militaires par une approche politique, locale, pour régler les différends.” L’incursion diplomatique de l’Iran dans la crise syrienne est observée avec scepticisme par les pays occidentaux. “Le soutien de la République islamique au régime d’Assad n’est guère compatible avec une tentative véritable de conciliation entre les parties”, commente un diplomate occidental basé à Téhéran. Cela montre, dit-il que l’Iran est “à court d’idées”. Pour un autre diplomate occidental, Téhéran essaie d’élargir la base de soutien au leader syrien. »
On comprend donc, selon les dires des médias traditionnnels, que la dizaine de ministres conviés viendraient de pays dont la « position est proche de celle de l’Iran ». Mais quelle est la position exacte de l’Iran ? Mystère, ils n’en soufflent mot.
On lit également que les diplomates occidentaux font montre de scepticisme car le soutien de Téhéran au régime de Damas est incompatible avec une véritable démarche de conciliation entre les parties.
L’ordre de partir intimé à Bachar al-Assad par Alain Juppé, Laurent Fabius, Hillary Clinton ou William Hague à Bachar al-Assad est par contre lui compatible avec une véritable tentative de conciliation !
L’Iran est peut-être « à court d’idées » mais l’Occident ne manque lui pas d’arrogance !
Examinons donc ce que rapporte le journal turc Hüriyet à propos de la conférence organisée par le gouvernement iranien :
« Une douzaine de pays sont attendus pour participer à une conférence organisée à la hâte à Téhéran aujourd’hui pour discuter des voies pour mettre fin à la violence en Syrie, a déclaré le ministre Iranien des affaires étrangères Ali Akbar Salehi, sans préciser qui participerait. « La réunion de consultations sur la Syrie se tiendra à Téhéran avec des représentants de 12 ou 13 pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, » a déclaré Salehii hier. La Turquie n’a pas décidé si elle participerait ou pas à la réunion, a déclare le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoglu. « Son format et ses objectifs sont également importants, » a-t-il dit, ajoutant qu’Ankara envisageait encore d’y participer. Salehi a indiqué que lors de sa rencontre à Ankara avec Davutoglu, il avait souligné que l’Iran recherchait un dialogue inclusif sur la Syrie pour arrêter la violence. « J’ai insisté sur la disponibilité de l’Iran à accueillir une réunion avec les organisations de l’opposition [syrienne] en Iran et notre volonté qu’ils s’assoient les uns à côté des autres en Iran et discutent avec le gouvernement syrien, » a-t-il dit hier. L’émissaire international Kofi Anan n’enverra pas de représentant. Le Liban ne sera pas non plus présent. Le ministre Irakien des affaires étrangères a déclaré qu’il n’était pas certain que le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari participerait. »
A les entendre il y aurait beaucoup de zones d’ombre et d’incertitudes autour de cette réunion. Cette réunion tranche bien évidemment avec la démarche occidentale en ce sens que l’Iran manifeste clairement son intention de mettre les parties en conflit autour d’une table là où l’Occident et les monarchies procèdent par le chantage et la menace.
Et on voit aussi que le gouvernement turc, qui fait comme on le sait partie des « amis de la Syrie » version Clinton-Cameron-Fabius, a été convié à cette réunion et qu’il n’a pas rejeté l’invitation d’un revers de main sans réfléchir (ou sans prendre l’avis de Washington). Il est vrai que la diplomatie turque est en ce moment complètement désorientée...
En tout cas, rien à voir avec le tableau brossé par nos journaux !