Certains de nos habitués nous ont reproché de contribuer, involontairement, à une vision excessivement négative de la situation syrienne, par notre quotidienne recension des violences militaires et diplomatiques dont est victime ce pays.
C’est un fait que l’actualité syrienne n’est globalement pas très heureuse. Mais nous avons toujours signalé tout ce qui nous semblait témoigner d’une amélioration des choses. Alors voilà une nouvelle qui va dans le bon sens, celui du renforcement de l’économie syrienne, soumise à rude épreuve par les différentes mesures de rétorsion des Occidentaux et de leurs relais régionaux turcs et arabes.
À l’occasion d’entretiens bilatéraux tenus ce 30 avril à Téhéran, le ministre syrien du Commerce, Mohammad Nidhal al-Chaar, et son homologue iranien Mhadi Ghazanfari ont conclu à la nécessité de renforcer les relations économiques entre leurs deux pays.
Et à ce beau programme, ils ont fixé un objectif financier précis : atteindre les 2 milliards de dollars de volume global annuel de ces échanges d’ici trois ans. Et une société mixte syro-iranienne va être créée pour faciliter cet objectif, la création d’une banque iranienne en Syrie étant également à l’étude. Pour l’heure, ce volume d’échanges commerciaux est de 600 millions de dollars.
Cette décision intervenait dans le cadre du premier salon des produits syriens à Téhéran, avec 260 exposants syriens. Qui ont trouvé là une occasion de nouer des contacts avec les hommes d’affaires iraniens. 60% de ces exposants interviennent dans les secteurs du textile et de l’habillement, où la production syrienne jouit d’une certaine réputation régionale.
Mais les productions alimentaires, chimiques, pharmaceutiques et cosmétiques sont également représentées. Ce salon est le résultat le plus médiatique d’un accord de libre-échange conclu entre Damas et Téhéran en mars. La politique est évidemment indissociable de l’économie, en ces temps et en ces lieux : le ministre iranien a profité de l’ouverture, le 28 avril, de ce salon pour condamner les actes perpétrés par les groupes terroristes en Syrie, mais aussi l’embargo infligé par l’Occident à son partenaire.
L’Iran est un partenaire important de la Syrie, mais il n’est pas le seul. Récemment, la Chine a annoncé elle aussi, voici moins de deux semaines, l’intensification de ses relations économiques avec la Syrie (voir notre article « Alain Juppé et ses amis continuent d’aboyer, la caravane…« , mis en ligne le 18 avril). Dans le monde arabe, et malgré un contexte assez « lourd », l’Irak est lui aussi un partenaire économique assez privilégié.
On peut penser que la Syrie qui peut déjà, malgré tous les boycotts et embargos dont elle est victime, s’appuyer sur une autosuffisance alimentaire et de fortes réserves en devises, peut surmonter ses difficultés avec l’aide d’aussi puissants partenaires.