Egalité et Réconciliation
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Stress tests en toc

Les stress-tests européens, c’est du béton... La preuve : six mois plus tard, une banque qui avait été déclaré "sûre" est en quasi-faillite. Oups...

Le mois dernier, l’Irlande a annoncé qu’une de ses deux banques nationales, Allied Irish Banks (AIB), était au plus mal, malgré les 25 milliards d’euros d’aides publiques injectées depuis le début de la crise.

Finalement, il faudra entre 10 et 15 milliards d’euros supplémentaires... avant la fin de l’année ! Et sinon ? Sinon, c’est la faillite assurée. Ni plus ni moins. La petite embardée fera monter le déficit du pays à... 32%. Une broutille.

Euh... Il n’y aurait pas un truc qui cloche, là ? Passons sur le fait qu’une seule banque puisse mettre un Etat à genou. C’est absurde, ridicule, inconséquent... mais c’est le cas dans presque tous les pays du monde, la France en tête. Arrêtons nous plutôt sur un autre point.

En mars dernier, la Commission Européenne a réalisé des stress-tests (ie : des simulations de résistance financière) bancaires. Et, à la condition qu’elle lève 7,4 milliards d’ici la fin de l’année, AIB avait été déclaré "sûre". Cette estimation a été confirmée en Juillet. Bang ! A peine deux mois plus tard, la banque annonce qu’elle est en quasi-faillite et qu’il lui faut de toute urgence trouver 3 milliards € de plus que prévu !

Dépêchez-vous d’en rire, avant d’être contraint d’en pleurer... comme dirait Beaumarchais.

Le hic, c’est que ces stress-tests ont été réalisés selon certaines hypothèses de tensions économiques et financières. Sans prendre en compte la situation réelle des banques, c’est à dire les stocks de produits moisis qui ne valent plus que pouic, en raison de la crise.

Une erreur, une négligence de la Commission ? Pas vraiment, car les nouvelles règles "prudentielles" bancaires dites de Bâle II, entrées en vigueur à la demande des banques, après le début de la crise, rendent totalement impossibles ce genre de considérations. Le système bancaire a encore gagné en opacité et plus personne n’est en mesure de dire si une banque est au top, ou qu’elle est en train de faire faillite. Pas franchement rassurant.

Des puits sans fond ?

Le brouillard est aussi épais, de l’autre côté de l’Atlantique. Le mois dernier, le Congrès US estimait que le sauvetage des deux géants hypothécaires américains Fannie Mae et Freddy Mac ne coûterait pas plus de 53 milliards de dollars. Dans le meilleur des cas, il aurait même pu en rapporter 44. Bang !

Hier, les autorités américaines ont balayé ces estimations d’un revers de chéquier : il faudra de nouveau injecter entre 6 et... 215 milliards de dollars, d’ici à 2013. Ou comment perdre entre 50 et 150 milliards en 30 jours, ça laisse rêveur. Le total pourrait ainsi s’élever à 363 milliards $...

Tout cela sans prendre en compte la nouvelle crise du Foreclosure-gate qui se profile à l’horizon, bien entendu. Et il parait qu’on est en pleine période de reprise économique... La citation du jour : "Qui prête à rire, n’est pas sûr d’être remboursé" [Raymond Devos]. Ce qui est évidemment faux... dans le monde financier !