Même si le sommet Union européenne-Russie de Bruxelles n’a duré qu’une journée, un grand nombre de sujets ont été évoqués – du Partenariat oriental au Troisième paquet énergétique en passant par l’Europe unie, écrit mercredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Vladimir Poutine a affirmé que Kiev ne perdrait pas le crédit de 15 milliards de dollars indépendamment du gouvernement : ce sont les garanties de remboursement et les changements structurels au sein de l’économie qui comptent.Il a également suggéré à l’Union européenne de créer une zone de libre échange avec l’Union économique eurasiatique.
Arrivé dans la capitale belge hier, le président russe a été accueilli devant le Conseil de l’UE par le président du Conseil européen Herman Van Rompuy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso. Des activistes du mouvement Femen voulaient également recevoir Poutine à leur manière - par une action de protestation – mais la police belge a immédiatement intercepté les jeunes femmes dans la salle d’attente de l’entrée du palais.
Avant cette rencontre les Européens avaient proposé de "raccourcir" la réunion mais cette proposition ne convenait pas à Moscou. Il a été finalement décidé de s’entretenir dans un format réduit et sans prescrire d’ordre du jour. Mais les changements ne s’arrêtent pas là.
Après avoir posé devant la presse, Poutine, Rompuy et Barroso se sont retirés à l’initiative des Européens pour s’entretenir à huis clos. La première partie des pourparlers – la réunion plénière – a donc été annulée. Cette réunion au sommet a été suivie d’un déjeuner de travail en présence des représentants des délégations, puis d’une conférence de presse.
"L’important est de discuter le plus sincèrement possible des questions clés", a déclaré Vladimir Poutine. "Nous avons évoqué les perspectives de création d’un espace économique et humanitaire commun de Lisbonne à l’océan Pacifique", a-t-il annoncé.
"Il est inadmissible de créer de nouvelles lignes de démarcation, a souligné Poutine. Il faut, au contraire, travailler ensemble à la création d’une Europe unie." Le président russe a suggéré de lancer une réflexion sur une zone de libre échange entre l’UE et l’Union économique eurasiatique, au niveau des experts pour commencer.
Les parties ont également beaucoup parlé de l’Ukraine. "La Russie a toujours respecté le principe de souveraineté nationale, a souligné Poutine. Mais la signature d’un accord avec l’UE n’est pas qu’un choix souverain de l’Ukraine : il a aussi des conséquences pour l’économie russe. Ce n’est pas de la politicaillerie, c’est de l’intérêt politique".
Vladimir Poutine doute également de la nécessité d’une médiation pour régler la crise politique en Ukraine. "Plus il y a de médiateurs, plus il y a de problèmes. J’imagine comment nos partenaires européens auraient réagi si en pleine crise, par exemple en Grèce ou à Chypre, notre ministre des Affaires étrangères s’était rendu à une manifestation anti-UE pour lancer des appels. Nous pensons que ce n’est pas très correct et vu la spécificité des relations entre la Russie et l’Ukraine, à nos yeux c’est inadmissible, impossible", a déclaré le président russe.
Au final, toutes les questions préoccupant Moscou et Bruxelles ont été évoquées. Les parties ont rapidement abordé les éventuelles difficultés du gazoduc South Stream en raison du Troisième paquet énergie européen, les droits de l’homme ou encore l’ordre du jour international, notamment le dossier syrien et le problème nucléaire iranien.
Une déclaration commune a été adoptée sur la lutte contre le terrorisme et il a été convenu d’organiser le prochain sommet à Sotchi le 3 juin, à la veille du sommet du G8. Il est prévu d’y évoquer un accord-cadre UE-Russie s’il était préparé à temps.