Ces derniers jours, les tensions en Israël entre le Shin Bet, le Mossad, le Premier ministre Benjamin Netanyahou et une partie de la population ont atteint un niveau critique, exacerbées par des enjeux sécuritaires et politiques. Le point de départ récent est la décision de Netanyahou, annoncée le 16 mars 2025, de limoger Ronen Bar, chef du Shin Bet, en invoquant un « manque de confiance ».
Dans une déclaration vidéo, Netanyahou a affirmé : « En permanence, mais spécialement pendant une telle guerre existentielle, il doit y avoir une confiance totale entre le premier ministre et le chef du Shin Bet. Malheureusement, c’est le contraire ». Cette annonce intervient dans un contexte où le Shin Bet enquêtait sur des liens présumés entre des proches de Netanyahou et le Qatar, un sujet explosif qui a ravivé les accusations de conflit d’intérêts.
Ronen Bar, en réponse, n’a pas mâché ses mots, dénonçant une tentative de politisation de son agence. Dans une déclaration publique, il a rétorqué : « L’attente de loyauté personnelle qui contredit l’intérêt public est une attente fondamentalement incorrecte qui va à l’encontre de la loi sur le Shin Bet et des valeurs nationales de base qui guident le Shin Bet et son personnel ».
Cette réplique illustre une fracture profonde entre Netanyahou et les services de renseignement, le Shin Bet étant perçu par certains comme un rempart contre les dérives du gouvernement. Par ailleurs, les tensions avec le Mossad, bien que moins médiatisées récemment, persistent depuis des désaccords antérieurs, notamment sur la gestion des relations extérieures et la communication, comme la rencontre controversée avec la Libye en 2023.
Le peuple israélien, quant à lui, est divisé. La décision de limoger Bar a suscité un sursaut de mobilisation, avec des manifestations à Tel-Aviv et Jérusalem. Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a appelé à une grève générale si Netanyahou défie la Cour suprême, qui a suspendu le limogeage le 21 mars.
Lors d’un rassemblement, Lapid a déclaré : « Si le gouvernement du 7 octobre 2023 décide de ne pas obéir à la décision de la Cour, il deviendra ce jour-là un gouvernement hors-la-loi ». Ces mots reflètent l’inquiétude d’une partie de la population face à ce qu’elle perçoit comme une dérive autocratique, alimentée par le fiasco sécuritaire pendant les évènements du 7-Octobre et les critiques sur la politique de Netanyahou envers le Hamas, qu’il a soutenu et financé pour des raisons de stratégie politique à plusieurs bandes.