Est-ce que l’attaque contre l’Ambassade de Chine à Belgrade était une erreur des pilotes et des stratèges américains ? Selon les explications américaines, l’attaque contre l’Ambassade a été faite accidentellement. L’Etat major aurait eu de vieilles cartes de Belgrade, avec lesquelles ils auraient organisés l’opération. Entretien avec le journaliste serbe Milovan Drecun accordé à La Voix de la Russie.
Mais d’une part le bâtiment de l’Ambassade était unique en 1999, il n’y avait rien autour. Aucun objectif militaire ne pouvait être sur cette carte. D’autre part aucun bâtiment militaire, ni poste de police ne se trouvait dans les environs du bâtiment. Je pense que le bâtiment a été choisi délibérément. Un des dirigeants serbes aurait pu se trouver à l’intérieur.
Ce fut une action délibéré, pour montrer la force des Etats-Unis et de l’OTAN et afin de prévenir les chinois qu’ils ne devaient pas se mêler des affaires serbes, ni tenter de les aider. Rappelons tout de même que toutes les Ambassades du monde disposent de l’immunité diplomatique et qu’elles sont considérés comme une partie du territoire qu’elles représentent. C’était donc un avertissement bien particulier fait aux chinois. Et l’accord pour une telle attaque est venu du sommet.
Comment a été planifié à Washington et Bruxelles l’attaque aérienne contre la Serbie et le Monténégro ?
Les objectifs militaires de l’OTAN ont été définis au moment du sommet de Rambouillet au début de l’année 1999. A ce moment là, Madeleine Albright avait essayé de faire signer un accord transférant le contrôle du Kosovo à l’OTAN. Belgrade devait faire sortir son armée du Kosovo pour trois ans et transférer à l’Albanie le droit de diriger la région. Ensuite, il aurait du y avoir un référendum pour donner la souveraineté au territoire.
Mais la délégation de la république fédérale Yougoslave a refusé de signer cet accord. Ils ont alors commencé à bombarder le Kosovo pour que notre armée quitte plus rapidement le territoire. Ensuite, avec l’aide de l’Albanie et de l’Armée de libération du Kosovo, il ont tenté d’entrer au Kosovo en passant par la Macédoine. Ils ont essayé de détruire notre armée en utilisant des bombes à sous-munition chargées d’uranium appauvri. Mais notre armée a réussi a contrer cette agression, les pertes militaires ont été minimes.
Les forces en mouvement n’ont quasiment pas été touchées. Ils n’ont pas réussi à atteindre les militaires qui se trouvaient à l’extérieur des casernes, dans les montagnes, les bunkers et les tunnels. Sur les 480 tanks déployés au Kosovo, seulement 7 ont été détruits par l’OTAN, ainsi que 7 engins de transport de troupes, 6 canons et quelques dizaines de mortiers. Au total, seulement 2 % de nos engins militaires ont été détruits. 164 personnes ont été tuées dans les bombardements et au total 500 soldats ont été tués au cours des combats contre l’Armée de libération du Kosovo.
L’OTAN n’a pas atteint son but. Les engins militaires n’ont pas été détruits, les pertes humaines ont été peu importantes et ils n’ont pas réussi a prendre le Kosovo en passant par l’Albanie. Et quand nous avons porté un coup violant aux terroristes albanais, l’OTAN a décidé de prendre la voie diplomatique et d’entamer des pourparlers avec Belgrade.
Qu’a représenté pour vous personnellement l’attaque de l’OTAN contre un pays à qui presque toute l’Europe et les Etats-Unis avaient déclarés la guerre ?
Notre âme slave a été profondément blessée. Nos alliés, avec qui nous nous sommes battus contre Hitler, ont bombardé la Serbie, car elle cherchait seulement à défendre son intégrité territoriale et à se protéger contre les terroristes. Les Etats-Unis, une des plus grandes puissances au monde, qui se dresse partout dans le monde contre le terrorisme, a justement choisi d’aider les terroristes. Nous sommes profondément déçus par l’attitude de l’Amérique, de l’OTAN, de l’UE. Ils nous ont bombardé et n’ont pas été sanctionnés par l’ONU.
Ce crime est inoubliable et impardonnable.