Suite à la Seconde Guerre Mondiale et à l’adoption d’une Constitution pacifiste, les industriels japonais de l’armement s’étaient vus appliquer des règles très strictes en matière d’exportation.
En outre, il leur était interdit de développer de nouvelles armes en collaboration avec qui que ce soit, exception faite des États-Unis. Tout cela s’est traduit par une perte de leur compétitivité par rapport à leurs homologues étrangers et c’est ce qui explique, en partie, la raison pour laquelle les forces d’autodéfense japonaise achètent leurs équipements à un coût relativement élevé.
En octobre 2011, prenant acte de l’évolution du contexte géostratégique, le gouvernement de centre-gauche décida de revoir ces dispositions, en autorisant, par exemple, l’industrie japonaise de défense à vendre des armes et des technologies aux pays qui respectent la règlementation internationale sur les exportations d’armement. D’où l’information révélée le 12 novembre par le quotidien Nikkei, selon laquelle Tokyo et Ankara envisageraient une coopération dans le domaine des blindés.
"Le Japon et la Turquie, à travers leurs entreprises d’industries lourdes vont, codévelopper des équpements et des technologies de défense", a ainsi écrit le journal économique.
Ce dernier a précisé que Mitsubishi Heavy Industries est actuellement sur les rangs pour créer une co-entreprise avec un partenaire industriel turc, dont le nom n’a pas été indiqué, afin de développer et produire un moteur de char. Cette idée aurait été lancée en mai dernier, à l’occasion d’un rencontre du Premier ministre nippon, Shinzo Abe, et de son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan.
Cependant, le Japon aurait fait part de ses craintes au sujet d’éventuelles "fuites technologiques vers d’autres pays", dont la Chine. L’on sait que les relations entre Tokyo et Pékin sont pour le moins compliquées actuellement… Et qu’Ankara se rapproche de l’Empire du Milieu, avec son intention de commander un système de défense aérienne d’origine chinoise. Et cela, malgré son appartenance à l’Otan.
La Turquie aurait pris l’engagement d’éviter que cela ne se produise. Les conditions de cet accord devraient être définies et précisées d’ici la fin de cette année. Il est probable que les autorités turques devront consulter leurs homologues japonaises quand il sera question d’exporter ce matériel produit en commun.
Reste qu’aucun détails sur le projet de char n’a été donné. Actuellement, le groupe turc Otokar travaille sur le programme Altay T1. Des systèmes du char sud-coréen K2 Black Panther pourrait y être intégrés. Et la question du moteur n’a, semble-t-il, pas encore été tranchée. Côté japonais, Mitsubishi Heavy Industries ne manque pas d’expérience en la matière puisque ce groupe fabrique les chars Type 74, Type 90 et surtout Type 10, actuellement en service dans les forces d’autodéfense nippones.
À lire également sur E&R : « La vente d’armes chinoises à Ankara suscite des craintes au sein de l’OTAN »