Le Congrès américain a convoqué le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner et le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke pour leur demander des explications sur le scandale du Libor, a-t-on appris mardi auprès du Sénat.
La date n’a pas été fixée mais l’audition devrait se dérouler « en juillet », a précisé le président de la Commission bancaire du Sénat, le démocrate Tim Johnson, dans un communiqué.
« Je suis préoccupé par les allégations croissantes de manipulation, potentiellement à grande échelle, du Libor et d’autres taux interbancaires par certains établissements financiers », a indiqué M. Johnson.
« Il est important que nous comprenions comment une manipulation (de ces taux) peut avoir un impact sur les consommateurs américains et le système financier des Etats-Unis, a-t-il ajouté.
« La commission bancaire organisera des auditions en juillet avec (...) MM. Geithner et Bernanke et je leur demande de se tenir prêts à répondre aux questions des sénateurs sur cette affaire », a-t-il conclu.
Le Libor sur le dollar est actuellement basé sur des informations fournies par 18 institutions financières d’importance mondiale, y compris plusieurs banques américaines. Il sert à fixer les taux d’intérêt d’un vaste éventail de produits financiers, notamment les prêts immobiliers, les prêts étudiants et les cartes de crédit.
Pour David Kotok, président du cabinet de conseil Cumberland Advisors, le scandale du Libor fait douter de l’efficacité de la surveillance des marchés par la Banque centrale américaine, la Fed, et notamment son antenne de New York, plus particulièrement chargée du suivi de Wall Street.
Selon lui, les banques ayant trempé dans les manipulations de taux devraient perdre leur statut d’interlocuteur « préférentiel », un statut aussi recherché que lucratif attribué par la Fed de New York à certaines banques qui sont ainsi autorisées à acheter des bons du Trésor directement au gouvernement.
« On se demande quel serait le message envoyé si la Fed de New York retirait son statut d’interlocuteur préférentiel à Barclays pendant une certaine période, à titre de punition », indique M. Kotok dans une note à ses clients. « Et on se demande ce que le marché penserait si la Fed de New York ne faisait rien ».
Dans un communiqué publié mardi, la Fed de New York a assuré avoir coopéré à l’enquête des autorités britanniques sur les agissements de Barclays, après avoir été informée dès fin 2007 de « problèmes avec le Libor », mais laisse entendre qu’elle n’avait pas les moyens humains de lancer une enquête séparée sur le Libor en pleine crise financière.
« Dans le contexte de notre surveillance du marché au début de la crise financière fin 2007, un exercice ayant donné lieu à des milliers d’appels téléphoniques et de courriers électroniques d’acteurs du marché pendant plusieurs mois, Barclays nous a parlé de façon intermittente et informelle de problèmes avec le Libor », indique la Fed.
Au printemps 2008 « nous avons interrogé Barclays sur la façon dont le Libor était fixé. Nous avons ensuite partagé notre analyse et nos suggestions pour une réforme du Libor avec les autorités concernées en Grande-Bretagne », conclut l’antenne de New York de la Réserve fédérale.
Le scandale du Libor touche les banques américaines Citigroup et JPMorgan Chase, qui font partie des banques internationales contribuant à la fixation du taux du Libor et de divers taux interbancaires, et font l’objet de demandes d’informations de la part de régulateurs et enquêteurs, voire de poursuites de clients s’estimant lésés.