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Sanctions anti-russes : l’Arabie saoudite et les Émirats ne s’alignent pas sur l’Empire

« Les Émirats comme l’Arabie saoudite ne sont pas à l’occasion de la guerre en Ukraine clairement du coté de l’Occident pour l’aider à étrangler le régime de Vladimir Poutine. »

La présentatrice du Dessous des cartes a beau s’étrangler devant le toupet des deux puissances pétro-diplomatiques arabes, rien n’y fait : le monde devient multipolaire, et tout le monde ne s’aligne plus sur les intérêts occidentaux, c’est-à-dire ceux de l’Empire, dont les États-Unis sont le centre.

 

 

Les Saoudiens reprochent entre autres aux USA (il y a aussi le contentieux Khashoggi) de ne pas les soutenir dans la guerre contre le Yémen, sous-entendant que c’est à cause des négociations en cours sur le nucléaire iranien. Dont les Saoudiens réclament eux aussi leur part : ils veulent du « nucléaire civil ».

Pendant ce temps, les drones « yéménites » bombardent dans le sud de l’Arabie le site pétrolier de Djeddah. En attaquant le Yémen en 2014, le prince Salmane, qui voulait une victoire facile de prestige pour son couronnement, a mis son pays dans un étau entre le nord du Yémen et l’Iran, un conflit qui a déjà fait 380 000 victimes, dont énormément de civils yéménites...

 

 

– La Rédaction d’E&R –

 


 

Deux importants alliés des États-Unis et de la France dans le Golfe ont choisi une attitude prudente face à l’invasion russe de l’Ukraine. Un attentisme qui reflète la poussée russe dans la région durant ces dernières années et une méfiance à l’égard d’un Occident qui abandonne ses alliés, comme en Afghanistan, et dont la défense des valeurs paraît à géométrie variable.

« L’OTAN est l’une des clés de cette récente crise […]. Il est certain que la Russie — héritière légitime de l’Union soviétique — n’acceptera sous aucune condition l’expansion de l’OTAN près de ses frontières », notait le 25 février 2022 un éditorialiste de l’influent quotidien saoudien Okaz trois jours après le début de l’invasion de l’Ukraine. Le lendemain, un autre commentateur du même quotidien relevait : « Ce qui est certain, c’est que l’invasion de l’Ukraine par le président russe Vladimir Poutine a établi de nouveaux faits sur le terrain qui ne peuvent être ignorés. Il a imposé un nouvel ordre mondial complètement différent de celui qu’avait imposé l’Occident à la Russie. » Dans la même veine, le quotidien saoudien Al-Riyadh insistait le 3 mars : « L’ancien ordre mondial qui a émergé après la Seconde Guerre mondiale était bipolaire, mais il est devenu unipolaire après l’effondrement de l’Union soviétique. On assiste aujourd’hui à l’amorce d’une mutation vers un système multipolaire. » Et, visant les Occidentaux, il ajoutait : « La position de certains pays sur cette guerre ne vise pas à défendre les principes de liberté et de démocratie, mais leurs intérêts liés au maintien de l’ordre mondial existant. »

Même son de cloche critique dans les médias des Émirats arabes unis (EAU).

« Les fluctuations de la position des États-Unis ne sont pas surprenantes. Il n’est pas nouveau qu’ils se livrent à la tromperie et reviennent sur leurs engagements, comme ils l’ont fait dans plusieurs domaines et questions. Ils ont constamment utilisé les forces locales pour servir leurs objectifs, pour ensuite leur tourner le dos et les laisser vulnérables. Washington et l’Occident ont encouragé la propension ukrainienne à s’opposer à la Russie […]. Le comportement de Washington et les positions européennes sur la crise ukrainienne, ainsi que leur exploitation des conditions difficiles de Kiev, révèlent un problème dans les valeurs de leurs systèmes politiques. »

À lire ces commentaires, on oublierait presque que l’Arabie saoudite et les EAU sont des alliés stratégiques des États-Unis. Pourtant, ils résument bien les deux thèmes qui dominent dans les médias de ces pays, au-delà de la condamnation plus ou moins prononcée de l’invasion de l’Ukraine. D’abord, une critique parfois virulente du président américain Joe Biden et des États-Unis qui, s’ils restent un allié, ne sont pas considérés comme fiables, car ils finissent par trahir leurs amis. Quant à leur défense du droit international, elle est hypocrite : n’ont-ils pas envahi et détruit l’Irak en 2003 sans blanc-seing des Nations unies ? Et si l’Ukraine est partiellement occupée depuis quelques semaines, la Palestine l’est depuis des décennies, avec l’appui déterminé des États-Unis et celui, plus embarrassé, des Européens. Sans oublier le racisme qui s’exprime dans la crise des réfugiés et le « double standard », « selon que vous serez... » ukrainien ou africain.

L’autre leitmotiv de la presse porte sur la réorganisation de l’ordre international devenu multipolaire, avec une place nouvelle de la Russie et surtout de la Chine (et plus largement de l’Asie) qui s’accompagne d’un retrait des États-Unis du Golfe. Il est donc de l’intérêt des deux pays de poursuivre la diversification de leurs relations et de sortir du tête-à-tête avec le seul Occident.

Ce bruit de fond médiatique éclaire l’attitude des dirigeants de ces deux pays, dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne se sentent pas engagés — pas plus que les autres pays de la région (Égypte, Turquie, Iran) — dans la campagne occidentale visant à « punir » la Russie.

 

Un vote qui en dit long

Il ne faisait aucun doute que la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant l’intervention russe en Ukraine le 25 février 2022 serait rejetée grâce au veto russe. Mais — surprise ! — en plus de la Chine et de l’Inde, les EAU s’abstenaient sur le texte. Quelques jours plus tard, sous pression américaine, israélienne et française, ils se ralliaient à la résolution de l’Assemblée générale du 2 mars, mais sans vraiment modifier leur position prudente. Le 23 février, le ministre émirati des affaires étrangères Cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nahyane avait rencontré son homologue russe Sergueï Lavrov à Moscou, indice du rapprochement entre les deux pays dont les relations commerciales ont augmenté de 38 % durant les onze derniers mois, tandis que la Russie multipliait les partenariats avec les Émirats dans les nouvelles technologies ou même dans le domaine militaire, grâce à un accord de coopération stratégique signé entre eux en 2018.

La coordination politique s’est renforcée également avec Moscou, que ce soit sur le dossier syrien, Abou Dhabi plaidant désormais pour le retour du régime de Damas dans la Ligue arabe et ayant reçu le président Bachar Al-Assad en visite officielle le 18 mars ; sur la Libye où les deux pays se retrouvent dans le même camp face à la Turquie ; sur le Yémen — Moscou ayant finalement renoncé à imposer son veto sur une résolution du Conseil de sécurité désignant les houthistes comme organisation « terroriste ».

Au même moment, les récriminations d’Abou Dhabi contre Washington se multipliaient : réaction tardive de Washington aux attaques des houthistes le 17 janvier, hésitations dans le soutien américain à la guerre au Yémen, et non-prise en compte de leurs intérêts dans les négociations sur le nucléaire iranien. Signe parmi d’autres des tensions, fin 2021, Abou Dhabi renonçait à l’achat de 50 F-35 américains d’une valeur de 23 milliards de dollars (20,83 milliards d’euros), en réponse aux conditions mises par Washington sur les transferts de technologie. Dans la foulée, et même si l’achat est plus modeste, au mois de février 2022 l’acquisition par l’émirat d’une douzaine d’avions de chasse d’entraînement chinois Hongdu L-15 (avec possibilité de porter leur nombre à 36) justifié par la volonté de diversification de ses achats militaires.

[...]

Ni l’Arabie saoudite ni les Émirats ne semblent prêts à appliquer des sanctions contre la Russie, et Dubaï est en train de se transformer en refuge pour tous les capitaux russes et pour tous les milliardaires qui bénéficient de vols directs assurés aussi bien par l’Aeroflot que par les puissantes compagnies du Golfe.

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