La Russie et l’Inde ont signé un contrat sur l’élaboration d’un avant-projet technique pour la création du chasseur de cinquième génération (FGFA) destiné à l’armée de l’air indienne. L’appareil sera conçu sur la base du chasseur russe T-50 qui subit actuellement des essais en vol.
L’histoire du projet FGFA traîne en longueur depuis plusieurs années : l’accord préalable à sa conception a été signé dès 2008, lorsque le programme PAK FA (système évolutif embarqué pour l’aviation tactique) est entré dans sa phase finale, le projet T-50 s’inscrivant dans le cadre de ce programme.
Dans le même temps, les principales exigences concernant le chasseur indien, légèrement différent de son analogue russe, ont été formulées. La plus grande différence concerne le nombre de pilotes (l’armée de l’air indienne préfère les appareils biplace) et l’armement de l’avion (apparemment, l’appareil indien ne sera pas uniquement équipé des systèmes russes).
Près de dix ans se sont écoulés entre le début de l’élaboration du chasseur russe et son premier vol. Ce délai sera manifestement plus bref pour l’avion destiné à l’armée de l’air indienne, la majeure partie des travaux ayant déjà été effectuée dans le cadre du programme PAK FA. En cas de succès, on peut s’attendre au premier vol du FGFA au cours des 5 ou 6 prochaines années, la construction en série de l’appareil devant débuter en 2018-2019.
La conception du FGFA s’inscrit dans la longue histoire de la coopération militaire et technique entre la Russie et l’Inde, vieille de près d’un demi-siècle et dont l’évolution a connu plusieurs étapes.
Une longue histoire
La première étape de l’histoire de la coopération militaire remonte à 1962. Elle a débuté par les livraisons de systèmes complets d’armes à l’Inde, alors en conflit avec la Chine. La deuxième étape a commencé à la fin des années 1960, lorsque l’Inde a entamé la fabrication sous licence de matériels soviétiques (avions, armes d’infanterie, et autres systèmes).
Vers le début des années 1980, 70% des besoins de l’Inde en armement étaient assurés par des livraisons en provenance d’URSS ou par la production sous licence d’équipement soviétique. Au début des années 1990, la dotation de l’armée indienne en armes soviétiques était au même niveau.
Simultanément, le niveau de l’industrie indienne est devenu suffisamment élevé pour permettre au pays la conception indépendante d’armes. Le complexe militaro-industriel du pays s’est lancé dans plusieurs projets propres, dont la création de missiles balistiques et antiaériens, de bâtiments de guerre, des chars et d’appareils volants divers.
Toutefois, l’expérience de l’Inde a démontré que le potentiel du pays ne suffisait pas toujours à la mise en œuvre de projets complexes, ce qui freinait considérablement les travaux. Au final, on constatait l’infériorité des caractéristiques tactiques et techniques par rapport aux systèmes similaires de fabrication russe et occidentale.
A titre d’exemple, l’élaboration des missiles sol-air Akash a pris près de 25 ans, de 1984 à 2009. Or, ses caractéristiques sont à peu près équivalentes à celles du système Bouk créé par l’Union soviétique au début des années 1980. Le projet indien de char Arjun, dont l’élaboration a également pris près de 30 ans, s’est aussi avéré médiocre.
Finalement, les autorités indiennes ont opté pour des projets conjoints en estimant ce schéma le plus prometteur, car il permet au pays de développer sa propre école scientifique et technique tout en obtenant des résultats garantis par le potentiel du concepteur en chef.
Aviation et flotte : les fondements de la coopération
Les concepteurs russes jouent un rôle considérable dans l’élaboration des nouveaux bâtiments de guerre (frégates et destroyers de nouvelle génération, sous-marins nucléaires du projet ATV et porte-avion) pour l’armée de mer indienne. Dans le même temps, l’Inde poursuit l’acquisition à la Russie de bâtiments de guerre prêts au combat. Le plus important dans ce domaine est le contrat de modernisation du porte-avion Vikramaditya (ancien Amiral Gorchkov). Par ailleurs, on poursuit la construction des frégates du projet 11356 destinés à la marine indienne : Delhi pourrait commander trois autres navires de ce type en plus des trois bâtiments déjà construits et des trois navires en phase de construction.
Au printemps 2011 devrait commencer la location par l’Inde du sous-marin nucléaire russe du projet 971I. L’armée de mer indienne a l’intention de l’utiliser pour former les équipages des sous-marins de fabrication locale.
Quand on évoque les perspectives de la coopération militaire et technique entre la Russie et l’Inde, il est nécessaire de faire remarquer qu’à l’avenir, le gros des livraisons sera toujours constitué par les appareils volants de divers types et les bâtiments de guerre. Quant au matériel de l’armée de terre, l’Inde opte de plus en plus pour les producteurs locaux et les livraisons en provenance d’autres pays.
Ce sont les secteurs aéronautique et de la construction navale qui possèdent les plus larges perspectives : l’aviation et la marine indiennes sont parmi les plus puissantes au monde et elles nécessitent des livraisons d’envergure de matériel moderne afin de maintenir leur potentiel et d’assurer leur développement. Qui plus est, il n’est pas exclu qu’à l’avenir, la Russie et l’Inde exécutent des commandes des pays tiers en fabriquant conjointement le matériel destiné à l’exportation.