« Un commentaire ignoble » : tel est le titre du communiqué par lequel le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Richard Prasquier, a annoncé, ce mardi, son dépôt de plainte à l’encontre de la Ligue de défense juive (LDJ).
Le motif : la légende d’une photo, mise en ligne le 4 avril, formulée par le webmaster du site de la LDJ et jugée injurieuse par le président du CRIF.
L’image illustre une poignée de mains entre Richard Prasquier et Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne.
En-dessous figure la phrase suivante :
« Richard Prasquier, l’homme qui pardonne au tueur de Maalot Mahmoud ABBAS (21 enfants et 3 adultes tués). »
Le webmaster de la LDJ fait ici référence à une prise d’otages, perpétrée en 1974 par le Front démocratique de libération de la Palestine et conclue par la mort de 31 Israéliens ainsi que des 3 assaillants palestiniens. Depuis son accession au pouvoir, Mahmoud Abbas est régulièrement accusé par la mouvance ultra-sioniste d’avoir été l’instigateur de l’opération.
Réaction outrée de Richard Prasquier :
« Une atteinte aussi ignoble à mon honneur, dans le commentaire d’une photo datant de deux ans et demi, n’est pas supportable. Dialoguer ne signifie pas pardonner, sauf pour ceux qui prônent la guerre perpétuelle. Ce n’est pas mon cas, ni celui du CRIF, et cela n’enlève rien aux critiques que j’ai exprimées au cours de cette rencontre à mon interlocuteur, le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas.
Je demande donc à mes avocats de déposer plainte contre la LDJ. »
Le 8 février 2012, le site de la LDJ avait déjà qualifié Richard Prasquier de « honte des juifs de France ».
Aux difficultés relationnelles notoires entre le président du CRIF et les militants ultra-sionistes s’ajoutent des orientations idéologiques a priori incompatibles.
En juin 2012, lorsque la LDJ a relayé un éditorial de Serge Hadjenberg (président de Radio J) critiquant violemment la consigne tacite – par Richard Prasquier – d’un vote sarkozyste lors de l’élection présidentielle, le webmaster du site a rajouté ce commentaire à l’attention d’un internaute curieux :
Q : Est-ce que la LDJ fait partie des organisations rassemblées autour du CRIF ? A-t-elle un délégué au CRIF ?
R : La LDJ ne fait par partie des organisations membres du CRIF car nous ne partageons pas les analyses de celui-ci tant sur la politique française que sur la prétendu existence d’un peuple palestinien et la nécessité de créer un État palestinien sur les terres juives de Judée et Samarie.
En février, interrogé (à 20′) par Caroline Fourest à propos des exactions de la LDJ, Richard Prasquier lui affirmait que le CRIF « réprouvait » leurs méthodes et n’entretenait « aucun contact » avec leurs membres.
Il s’agit là d’une demi-vérité : s’il est probable que Richard Prasquier lui-même n’entretient aucun rapport avec la LDJ, la chose est moins sûre du côté des autres membres du comité directeur du CRIF. Selon une source judiciaire, d’autres figures moins éminentes mais plus influentes du CRIF cultivent – discrètement – des relations avec les leaders et financiers de la LDJ. Ces derniers ne verraient d’ailleurs pas d’un œil défavorable le possible retour aux affaires de l’ancien président de l’organisation : Roger Cukierman, célèbre pour avoir notamment comparé le vote Le Pen de 2002 à un message destiné aux musulmans afin qu’ils se « tiennent tranquilles ». Le 14 février, la LDJ révélait ainsi ses accointances avec l’individu :
« La nomination de Roger Cukierman sera largement positif (sic) pour notre communauté quand on le compare au président actuel .
Monsieur Cukierman a toujours entretenus des relations cordiales avec la LDJ durant ses mandats.
Nous ne pouvons pas en dire autant de l’actuel président.
Une réforme du CRIF est nécessaire mais elle n’est guère possible car le système est verrouillé de l’intérieur. Un « coup d’état » est souhaitable sinon le CRIF va continuer son train-train quotidien de commentaires polis et inefficaces de la politique arabe de la France.
N’est pas l’AIPAC qui veut. »
La LDJ doit également s’apprêter prochainement à subir une procédure judiciaire si l’on en croit la juge d’instruction chargée d’une agression commise contre Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la République.
Quant au président du CRIF, sur le point de quitter – fin mai – son poste après avoir vainement tenté de briguer la présidence du Congrès juif européen et lancé le concept de « l’israélophobie » lors du dernier dîner annuel, espérons que l’homme redevenu cardiologue prendra le temps de méditer sur ses propres calomnies à l’encontre d’autrui, qu’il s’agisse de Stéphane Hessel ou, surtout, de Richard Falk, un haut-fonctionnaire onusien qualifié de « fou antisémite ».
Hicham Hamza