On peut mesurer la période actuelle, marquée par des conflits et des guerres de toutes sortes dans le monde islamique, à la lumière de deux constats :
les guerres qui ravagent le monde musulman sont le résultat de querelles internes entre les musulmans ;
les guerres qui ravagent le monde musulman sont le résultat des politiques agressives des puissances étrangères qui ont des visées coloniales sur les régions à majorité musulmane, et ce de l’Afrique du Nord jusqu’au sous-continent indien.
Partons du premier point. Objectivement, nous avons pu apprécier ces dernières années, surtout au Moyen-Orient, comment certains pays de la région, craignant une menace à l’intérieur du monde islamique, ont mobilisé des hommes et des armes en vue de déstabiliser d’autres pays. En focalisant notre attention sur cette partie du monde, nous voyons comment les pays liés aux États-Unis, parmi lesquels les pays de la péninsule arabe, forts de leurs disponibilités financières, ont commencé une guerre pour le compte de tiers contre l’axe de la Résistance au sionisme et à l’impérialisme étasunien (Syrie, Iran, résistances libanaise et palestinienne).
Ce projet trouve son origine en Irak, administré à l’époque par le proconsul américain Bremer. Le but était avant tout d’éviter la naissance d’un Irak fort, uni et pro-iranien, après la chute de Saddam Hussein. Pour ce faire, les terroristes wahhabites, financés avec l’approbation des Américains par l’Arabie Saoudite, sont allés en masse en Irak pour déstabiliser le pays en employant la plupart du temps une « stratégie de la tension », frappant indistinctement les communautés irakiennes sunnite et chiite (sans parler des chrétiens) avec l’objectif évident d’attiser l’esprit de vengeance parmi les différents groupes religieux qui avaient vécu jusque-là en bon entendement.
La stratégie saoudienne et américaine a ensuite consisté à libaniser l’Irak, formant de facto dans le nord du pays à majorité kurde un gouvernement capable d’entretenir des relations internationales sans le consentement du gouvernement central basé à Bagdad.
En somme, l’alliance entre les Saoudiens, les Étasuniens et les terroristes wahhabites a fortement déstabilisé l’Irak, faisant glisser le pays dans une spirale de violence dont il peine encore à émerger. Le gouvernement irakien ne réussit d’ailleurs toujours pas à apparaître clairement comme un acteur influent dans la dynamique régionale : les bonnes relations avec l’Iran sont contrebalancées par la région autonome kurde qui oscille finalement vers le nouvel axe Ankara-Riyad. Il n’est d’ailleurs pas surprenant de constater que la Turquie y va aussi de son rôle déstabilisateur en Irak, soutenant tour à tour certains actes terroristes (tels que le projet de meurtre d’une avocate et d’un général ayant conduit la justice irakienne à condamner par contumace le vice-président sunnite Tarek al-Hachémi, réfugié depuis… en Turquie) et des groupes séparatistes kurdes.
Mais ce dernier point est une des grandes contradictions de la politique étrangère du Premier ministre turc Erdoğan. Il n’est pas rare de voir l’aviation turque pénétrer dans l’espace aérien irakien, et ce de façon totalement abusive, pour bombarder les positions du PKK, le parti des travailleurs du Kurdistan, en opposition armée avec le gouvernement turc depuis 1984. Mais la Turquie soutient parallèlement à ce combat les efforts séparatistes en Irak et en Syrie, dans le but d’accroître son influence régionale au détriment concrètement de la Résistance au sionisme et à l’impérialisme étasunien. Et c’est justement en Syrie que les terroristes wahhabites, financés par les cheiks du golfe Persique, entraînés par Ankara et armés comme il apparaît aujourd’hui de plus en plus nettement par les États-Unis et par le régime sioniste, effectuent leurs opérations.
Au cours des deux dernières années, l’attaque terroriste contre la Syrie, vue par certains milieux arabes et par quelques lobbies occidentaux comme l’aboutissement d’un processus révolutionnaire, a mis à nu les ambitions de certains acteurs régionaux, beaucoup plus intéressés par l’influence qu’ils peuvent avoir dans la région que par la libération de Jérusalem du joug sioniste, et ce bien évidemment au détriment des ennemis du régime sioniste et de l’impérialisme étasunien.
Venons-en maintenant au deuxième point, à savoir le rôle de la colonisation de la région des terres musulmanes par les puissances occidentales. Les États-Unis sont « naturellement » attirés par les richesses minérales (l’or noir) qui s’y trouvent. On peut dire peu ou prou la même chose des autres pays occidentaux.
Depuis soixante ans, l’hégémonie occidentale dans la région se concrétise à travers le soutien sans faille à l’entité sioniste. Juste retour des choses, cette dernière est devenue la gardienne des intérêts occidentaux au Moyen-Orient. Et toutes les souffrances et les humiliations vécues par les Arabes et les musulmans dans les pays voisins de la Palestine occupée et dans les territoires palestiniens eux-mêmes sont le fruit des différents soutiens occidentaux au régime sioniste.
Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence si l’un des principaux dirigeants du monde islamique dans les dernières décennies, l’imam Khomeiny, le chef de la Révolution islamique en Iran, a décrit le gouvernement étasunien et le régime sioniste comme les principales menaces extérieures au monde islamique. Sarcastiquement, il appelait l’Oncle Sam le « Grand Satan » et l’entité sioniste le « Petit Satan ». Il est triste de voir aujourd’hui de présumés chefs spirituels du monde islamique appeler à la lutte contre le mal, visant clairement l’Iran, la Syrie, le Hezbollah, la Russie et la Chine. Quelle est donc la faute du Hezbollah ? Avoir bouté les sionistes hors du Liban ? Pourquoi blâmer l’Iran et la Syrie ? Parce que ces deux pays ont soutenu la résistance palestinienne (arabe et sunnite) dans la guerre de Gaza ? Quelle est la faute de la Russie et de la Chine ? Éviter une « zone d’exclusion aérienne » à cause du veto au Conseil de sécurité des Nations-Unies, afin de prévenir le bombardement du peuple syrien, constitué à majorité d’Arabes et de sunnites ?
Il apparaît à la lecture de ce qui précède comme une évidence que l’Occident et le régime sioniste font tout pour diviser les musulmans et les enfermer dans des luttes fratricides pour pouvoir continuer de prospérer… au détriment des peuples moyen-orientaux.
Il importe que les dirigeants musulmans évitent cet écueil et fassent en sorte que les peuples du Moyen-Orient s’unissent contre les vrais ennemis de la communauté islamique, contre le « Grand Satan » et le Petit Satan », comme le disait si justement l’imam Khomeiny.
Jérusalem est aujourd’hui occupée par les Juifs. Mais les défenseurs d’al-Qods, ce sont aujourd’hui la Russie, la Chine, l’Iran, la Syrie et le Hezbollah…