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Qui est Stanley Fischer, nouveau vice-président de la Réserve fédérale ?

Traduction E&R

Barack Obama a nommé Stanley Fischer au poste de vice-président de la Réserve fédérale des États-Unis ce vendredi 10 janvier 2014. Pour éclairer son parcours et ses positions, nous publions aujourd’hui la traduction d’un article de Bloomberg datant de décembre 2013, alors que sa nomination était déjà fortement pressentie.

 

L’Israélien Stanley Fischer pressenti comme vice-président
de la Réserve fédérale

Par Julianna Goldman, Phil Mattingly et Alisa Odenheimer
Bloomberg.com, 11 décembre 2013

 

L’ancien gouverneur de la Banque d’Israël, Stanley Fischer, est le principal candidat du président Barack Obama pour le poste de vice-président de la Réserve fédérale, selon des personnes familières avec le processus de sélection.

Fischer, 70 ans, remplacerait Janet Yellen comme n°2 chargé de la Fed, selon des personnes qui ont demandé à garder l’anonymat car la décision n’est pas définitive. La Maison Blanche n’a pas prévu d’annoncer le choix cette semaine, indique l’une des personnes.

Obama aurait déjà offert le poste à Fischer, qui l’aurait accepté, selon une autre personne familière avec le processus. Cette personne indique que la décision aurait été prise conjointement par le Président et Yellen, qui attend la confirmation du Sénat pour succéder à Ben S. Bernanke comme président de la Fed.

« Je m’attends à ce que Yellen et Fischer collaborent étroitement et forment une équipe très forte », a déclaré Mark Gertler, un économiste de l’université de New York, qui a coécrit des recherches avec Bernanke. « Il a une combinaison idéale de qualités appréciées dans une banque centrale : sage, expérimenté et calme sous la pression. Son travail académique était réfléchi et grand public, et je m’attends à ce qu’il le soit aussi en tant que banquier central. »

Double citoyenneté

Fischer, qui détient à la fois la citoyenneté américaine et israélienne et qui vit maintenant à New York, a démissionné en tant que gouverneur de la Banque d’Israël le 30 juin, à mi-chemin de son second mandat de cinq ans. On lui attribue d’avoir aidé son pays à surmonter la crise économique mondiale mieux que la plupart des pays développés.

Comme vice-président de la Fed, Fischer reprendrait un poste que Yellen a transformé en une plate-forme promouvant une plus grande transparence de la banque centrale, y compris en expliquant clairement les objectifs pour l’inflation et le chômage.

Fischer a exprimé son scepticisme quand à l’utilisation des prétendues orientations prospectives pour signaler les intentions de la politique de la Fed jusqu’à deux ans à l’avance.

« En général, il nous est très difficile de prévoir l’évolution de ces variations », a dit M. Fischer dans un discours donné en juin lors d’une conférence de l’association économique d’Israël à Tel-Aviv. Il pense que la Fed semble fournir des prévisions sur le chômage et les taux d’intérêt « dans une tentative d’influer sur les événements réels. Cependant, à mon avis, la banque centrale doit dire la vérité qui sort de ses modèles et de ses estimations. »

Il a ajouté : « En tout cas, la Fed a adopté une politique d’orientation prospectives et jusqu’à présent, cela lui a réussi. »

La marque de fabrique de Bernanke

La position de Fischer peut soulever quelques questions, a déclaré Chris Rupkey, le chef économiste financier de la Banque de Tokyo-Mitsubishi UFJ Ltd à New York.

« En se basant sur ses observations antérieures, le marché semble penser qu’il n’est pas en faveur de l’orientation, alors que l’orientation est la caractéristique principale de la Fed de Bernanke », a-t-il indiqué.

Comme professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), Fischer a supervisé la thèse de Bernanke et a également enseigné au président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi. Fischer leur a tous les deux attribué d’avoir aidé à sauver l’économie mondiale et a déclaré dans une interview du 13 juin pour Bloomberg News à Londres que les futurs étudiants étudieront leurs politiques.

« J’aimerais pouvoir dire toutes les choses qu’ils font viennent de ce qu’ils ont appris lors des conférences du MIT, mais ce ne serait pas vrai », a indiqué M. Fischer en ajoutant : « Désormais, quand nous donnerons ces cours, nous enseignerons les leçons que nous avons tirées de Bernanke et Draghi. »

Lawrence Summers, l’ancien secrétaire au Trésor des États-Unis, ainsi que Greg Mankiw, qui a dirigé le Comité des conseillers économiques du président George W. Bush, ont également étudié sous Fischer.

Summers, s’exprimant lors d’une conférence du FMI en l’honneur de Fischer qui s’est tenue le mois dernier, a déclaré qu’avoir Fischer comme enseignant « avait été une expérience intellectuelle remarquable ».

Ce n’est pas un « jeu »

« Stan n’a jamais perdu de vue le fait que ce n’était pas simplement un jeu intellectuel », a déclaré Summers. « Il a insisté sur le fait que répondre à ces questions correctement faisait une différence profonde dans la vie des nations et de leurs peuples. »

Fischer a gagné une réputation d’innovateur en étant le premier banquier central à avoir réduit les taux d’intérêt en 2008 au début de la crise économique mondiale et le premier à les rehausser l’année suivante en réponse à des signes d’un redressement financier.

Il a également racheté toutes les devises dans des quantités sans précédent afin de faire baisser la valeur du shekel et stimuler les exportations, en plus que doublant les réserves.

« Vraiment décisif »

« À la Banque d’Israël, il a immédiatement agi de façon très agressive lorsque la crise a commencé à prendre racine », a déclaré Drew Matus, économiste chez UBS Securities LLC à Stamford dans le Connecticut, et ancien analyste à la Fed de New York. « Cela semble avoir été vraiment décisif. »

Une de ses innovations à la Banque d’Israël a été le transfert de la responsabilité de la décision du taux d’intérêt mensuel du gouverneur seul à un comité monétaire composé de six membres, dont trois universitaires. De façon similaire à la Fed, il a mis l’accent sur l’emploi et la croissance aux côtés de la stabilité des prix, alors que les gouverneurs précédents ont mis l’accent sur l’inflation.

« Cela témoigne de sa manipulation habile de l’économie d’Israël qui est l’une des rares économies avancées dont la production a augmenté chaque année pendant la période de crise », a mentionné, le 12 juin, l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre Mervyn King.

Le curriculum vitae de Fischer comprend également des prestations au sein du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, et un passage en tant que vice-président chez Citigroup Inc., basé à New York.

Le travail de Fischer s’est concentré sur ​​« l’intersection de l’économie internationale, des crises financières et sur la macroéconomie », tandis que celui de Yellen s’est concentré sur « l’intersection du travail et de la macro », a déclaré Jonathan Wright, professeur d’économie à l’université Johns Hopkins dans le Baltimore et qui a travaillé à la Fed à la division des affaires monétaires de 2004 à 2008.

Harmonie politique

« Mais ils seraient en harmonie en ce qui concerne la politique », a déclaré Wright. « Je pense que ce serait la meilleure direction possible pour la Fed. »

Fischer ne serait pas le premier gouverneur de banque centrale à changer de pays. Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, a été gouverneur de la Banque du Canada de 2008 à juin dernier.

Fischer a passé plusieurs périodes au MIT de Cambridge, dans le Massachusetts, où il a obtenu son doctorat en économie en 1969, avant de rejoindre la faculté de l’école en tant que professeur associé en 1973 avant de devenir un professeur doué dans les années 1990.

Il a reçu un enseignement par Paul Samuelson et Robert Solow, futurs prix Nobel d’économie.

Banque mondiale

De 1988 à 1990, Fischer a été économiste en chef à la Banque mondiale, basée à Washington. Après son retour à l’enseignement au MIT, Fischer a rejoint le FMI en 1994 comme adjoint du directeur général, Michel Camdessus, travaillant à résoudre les crises financières au Mexique, en Russie et en Asie du Sud-Est. Il a quitté le FMI en 2001 et rejoint Citigroup en tant que vice-président.

Né en 1943 en Zambie, qui s’appelait alors la Rhodésie du Nord, Fischer était un membre du Habonim, un groupe de jeunes sionistes de gauche, avec Rhoda Keet, sa future épouse. Au début des années 1960, il a passé six mois dans un kibboutz sur la plaine côtière méditerranéenne d’Israël, où il a combiné l’apprentissage de l’hébreu avec le travail manuel, la cueillette et la plantation de bananes.

En 2005, Fischer a accepté l’offre d’Israël de prendre la tête de sa banque centrale et est devenu un citoyen israélien, l’une des exigences du poste.

 

Voir aussi, sur E&R : « Janet Yellen succédera à Ben Bernanke à la tête de la Réserve fédérale » (octobre 2013)

Approfondir le sujet avec Kontre Kulture :

 






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