L’instabilité régionale et la guerre pour déloger Daech de Mossoul, ainsi que l’état actuel du système politique irakien rend possible l’apparition d’un État kurde indépendant, mais les États-Unis n’y sont manifestement pas intéressés.
L’apparition d’un Kurdistan indépendant en Irak n’est sans doute pas dans l’intérêt des États-Unis, car un tel État demanderait davantage de soutien financier et militaire que ne reçoivent à présent les Kurdes faisant partie de l’Irak, estime Steven Cook, du Conseil américain des Affaires étrangères.
« Les politiciens américains sont opposés à l’indépendance kurde, craignant que l’éclatement de l’Irak ne débouche sur une effusion de sang, ne torpille la sécurité de la Turquie et ne provoque un conflit avec l’Iran. Bien des analystes affirment également qu’un État kurde ne serait pas économiquement viable », indique l’expert dans son étude.
Et d’expliquer que les Kurdes ne manqueraient pas alors de réclamer une assistance économique, vu le nombre important de réfugiés syriens à leur charge. « Le seul intérêt concret poursuivi par les États-Unis sur les territoires kurdes, c’est le pétrole, et cette ressource peut bien pousser Washington à s’ingérer enfin dans le destin du Kurdistan », a estimé pour sa part l’américaniste Alexandre Assafov, interviewé par RT. Et de rappeler que depuis les cinq dernières années, les États-Unis avaient inclus plus d’une fois dans la sphère de leurs intérêts des pays riches en pétrole.
« Ils savent qu’il existe encore des gisements non prospectés sur les territoires kurdes. Et c’est cette seule raison pour laquelle cette région est importante pour les Américains. Ils peuvent instaurer leur contrôle sur le Kurdistan irakien, en le rendant dépendant de Washington. Et tout cela rien que pour s’assurer un accès facile aux gisements », souligne l’interlocuteur de la chaîne de télévision russe.
Il prévient toutefois qu’avec l’arrivée au pouvoir du président élu américain Donald Trump, tout le concept de la politique extérieure des États-Unis sera modifié. « Il a été bien explicite en déclarant que l’Amérique n’organiserait plus de coups d’État dans d’autres pays, cela coûtant cher et ne profitant pas à Washington. Aussi, n’est-il pas à exclure que le Kurdistan irakien soit laissé tranquille », indique M. Assafov.
Or, il y a plus de deux ans quand le groupe djihadiste État islamique a occupé Mossoul, le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a déclaré que Bagdad n’était pas capable de garantir la sécurité des Kurdes et que c’était la raison pour laquelle ces derniers avaient la ferme intention d’avancer vers l’indépendance absolue.
« En réalité, les Kurdes sont aussi nécessaires à l’Irak que l’Irak est nécessaire aux Kurdes », affirme Steven Cook. Et d’ajouter que les uns sans les autres, ils ne pourraient tout simplement pas nettoyer des terroristes Mossoul et le nord-est du pays.
« En dépit des méfiances entre Erbil (capitale du Kurdistan irakien, ndlr) et Bagdad, les troupes arabes loyalistes de l’Irak et les insurgés kurdes se complètent et se renforcent mutuellement », lit-on dans l’ouvrage de l’expert américain.