Nous avons déjà eu l’occasion de rendre compte de la dernière imposture humaniste de BHL, ce « meeting de soutien » (sic) au peuple syrien organisé le 4 juillet dernier, au coeur de Saint-Germain-des-Prés, par le plus chic des lobbyistes sionistes et ses sbires de la revue La Règle du Jeu.
Certains auront été tentés de nous accuser de parti-pris (pro-syrien et pro-arabe) dans notre traitement de cette initiative. Eh bien, nous laissons volontiers la parole à nos confrères de la très atlantiste revue Courrier international, (très) proches de BHL et de ses obsessions géopolitiques. Dans un article du 11 juillet, significativement intitulé « Embarrassant BHL« , le rédacteur du Courrier international revient sur la réunion « pro-syrienne » de Lévy & consorts.
de SOS Syrie à SOS Israël
Et c’est un vrai régal antisioniste, d’autant plus savoureux qu’il nous est servi, répétons-le, par des alliés idéologiques de BHL. Tout d’abord, parlant des organisateurs de la réunion, l’auteur de l’article remarque : « Le moins qu’on puisse dire est que les participants étaient des amis d’Israël« . Oui, on peut en effet aller jusqu’à dire ça. Et de citer Bernard Kouchner « le ministre des Affaires étrangères le plus pro-israélien qu’ait connu le Quai d’Orsay« , André Glucksmann « le philosophe gaucho-maoïste devenu fervent partisan des néoconservateurs pour défendre le « monde libre » et Israël » ou encore Frédéric Encel « qui avait fait ses premiers pas au sein de l’organisation des jeunes du Likoud Betar (pas trop pro-palestiniens d’ordinaire) ».
Impitoyable décidément, le rédacteur de Courrier international épingle Fadela Amara « qui n’a jamais brillé par son soutien aux causes arabes« , François Bayrou qui « est un modéré en politique intérieure mais un soutien indéfectible d’Israël en politique étrangère« , Dominique Sopo, secrétaire général de SOS Racisme « dont le noyau dur est constitué par l’Union des étudiants juifs de France ». Et, last but not least, Alexandre Goldfarb « ancien député au Parlement israélien du mouvement raciste Tzomet ». C’est vrai que quand on y réfléchit, la cause du peuple syrien était dans de belles mains ce 4 juillet à Saint-Germain-des-Prés…
BHL fédère l’opposition syrienne… contre lui
Le Courrier note qu’il y avait (quand même) deux ou trois Syriens à cette pantalonnade sioniste, dont un représentant des Frères musulmans syriens, Melhem al-Douroubi. Interrogé sur la question de savoir s’il n’était pas gêné, en tant que « frère », de se retrouver à siéger en pareille compagnie, Melem al-Douroubi botte en touche, arguant qu’il avait utilisé une tribune offerte pour défendre la juste cause du peuple syrien. Mais d’autres représentants de l’opposition à Bachar al-Assad sont moins pragmatiques ou arrangeants : dans une déclaration commune Farouk Mardam-Bey, Burhan Ghalioun et Sobhi Hadidi, intellectuels syriens résolument d’opposition au régime, s’opposent non moins résolument à BHL, lui demandant « d’épargner au peuple syrien un soutien dont il ne veut pas ! »
Autre intellectuel et opposant à Bachar, et porte-parole d’une « Commission arabe des droits de l’homme« , Haitham Manaa est encore moins conciliant : pour lui, « ceux qui s’asseoient à la même table que les sionistes (ne pouvaient) participer à la bataille du peuple syrien contre la dictature. » Et histoire que les choses soient bien claires, même pour le plus louvoyeur des Frères musulmans, Haitham Manaa définit ainsi globalement la dernière manip’ de BHL : « Il s’agit d’un complot contre les jeunes Syriens qui conjuguent la lutte pour les libertés avec celle pour la libération de la Palestine et qui brandissent le drapeau palestinien en même temps que celui de la Syrie« . Et là c’est vrai qu’on ne verra jamais Bernard-Henri brandir un drapeau palestinien, même pour tromper les Palestiniens, les Syriens et le monde arabo-musulman en général !
On aimerait être une petite souris pour savoir comment a réagi ce dernier à la lecture de cet article, paru dans une revue globalement atlanto-sioniste, fondée par son vieil ami Pierre Bergé et propriété du Monde, où BHL a non seulement ses entrées mais aussi un droit de regard sur la ligne éditoriale. On n’est jamais trahi – ou chahuté – que par les siens ! On croit savoir que l’ayatollah de la gauche américano-israélienne s’est récemment brouillé avec son très vieux complice Claude Lanzmann, lequel avait eu le tort de dénoncer l’absurdité de l’intervention en Libye concoctée par BHL. Espérons que celui-ci ne va convaincre Sarkozy et Juppé de bombarder les locaux du Courrier international.