Pilier du système Dieudonné, antisémite et fier de l’être, Alain Soral, bénéficie d’une renommée vénéneuse sur le web et dans les médias. Enquête.
Par Marie-France Etchegoin
Il n’aime rien tant que parler. Depuis plus de trente ans. Dans les fêtes branchées de la nuit parisienne, les réunions du PC puis du FN, à la télé et dans ses livres, sur les vidéos de son site internet qu’il enregistre à la chaîne. Au début d’Alain Soral était le verbe. Nourri aux meilleurs philosophes. Aux dires de ses anciens amis toujours bluffés par son "intelligence" et sa "culture", il les aurait tous lus. Aujourd’hui, ses mots ont un goût de sang. L’ex-noceur des années Palace qui venait pimenter les émissions de Dechavanne ou de Taddeï montre ce qu’il a décidé d’être : "national-socialiste" ! Il le dit et le répète. Dans la France de 2014.
Comment devient-on Alain Soral ? La question n’aurait que peu d’intérêt si sa logorrhée violemment antisémite était restée cantonnée dans les arrière-cuisines de la "fachosphère". Mais Soral s’est mué en prédicateur. Il est non seulement le maître à penser de Dieudonné mais aussi de milliers de fans qui le suivent sur la Toile. Mi-décembre, il y avait une queue de 200 mètres devant une librairie très comme il faut des beaux quartiers de Paris où il faisait ses dédicaces. Car, suprême consécration, Eric Naulleau, l’écrivain et "polémiste de gauche" habitué du petit écran, lui a offert une respectable tribune en acceptant de débattre avec lui dans un opus sorti cet automne, "Dialogues désaccordés". Un joli titre. Qui ne sert pourtant qu’à emballer les vénéneuses obsessions de Soral.
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