La France n’est pas encore remise de son traumatisme de 2015-2016 avec ses attentats sanglants qui ont causé la mort de plus de 230 personnes à Paris et à Nice, sans compter les meurtres de Marseille (deux jeunes filles égorgées à la gare Saint-Charles), Saint-Étienne-du-Rouvray (un prêtre égorgé et décapité), Saint-Quentin-Fallavier (un employeur décapité), Villejuif (Aurélie Châtelain tuée par Sid Ahmed Glam), Magnanville (un couple de policiers poignardés devant leur fils de trois ans), Champs-Élysées, Strasbourg (cinq personnes fusillées), Paris (quatre morts à la préfecture de police), Carcassonne et Trèbes (quatre morts dont le gendarme Beltrame).
Nos pensées vont évidemment vers les familles et les proches de toutes ces victimes d’une barbarie dont on connaît le bras, mais dont on ignore toujours le visage...
Voici ce qu’écrivait le BEH, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 13 novembre 2018, soit exactement trois ans après les massacres du Bataclan et des terrasses à Paris :
« L’étude atteste d’une très forte empreinte des attentats du 13 novembre dans la société française, sept mois après leur survenue. Ces attaques terroristes arrivent en tête des attentats jugés les plus marquants depuis l’an 2000. L’impact de ces attaques est également tangible au travers de leur empreinte mémorielle en termes de précision des souvenirs associés à l’événement, à la fois personnels (souvenirs-flash) et factuels (lieux frappés). Les moins de 40 ans semblent avoir été particulièrement touchés en raison d’une certaine identification aux cibles des attaques et de l’ampleur de leur couverture médiatique, dans une forme d’écho au 11 septembre 2001 qui a constitué un marqueur générationnel pour les adolescents et les jeunes de l’époque. Dans la société française dans son ensemble, les attentats du 13 novembre ont eu différents retentissements, parmi lesquels ressortent un climat de peur, un accroissement des préoccupations sécuritaires et des inquiétudes relatives à la cohésion sociale. »
Aujourd’hui, en août 2020, cinq ans après le début de cette série d’événements traumatiques, dont on ne connaît toujours pas les responsables malgré une enquête officielle à la « 11 Septembre » (ou à la Kennedy) pour ce qui concerne le 13 Novembre, les Français sont toujours fébriles.
La prise en charge psychologique des blessés, des familles et des proches des victimes n’a pas arrêté la peur qui a diffusé, médias aidant, dans toute la population.
Les seulement 35 km qui séparent Cannes de Nice, où a eu lieu l’atroce écrasement du 14 juillet 2016, avec ses 86 morts et 458 blessés, expliquent peut-être cette terreur qui ne demande qu’à se réveiller.
« Nous avons appris à vivre avec le terrorisme », chantent en chœur les médias. Comme si les Français devaient accepter ce terrorisme venu de nulle part et reparti nulle part, pour seulement laisser une empreinte de peur, sans aucune revendication ni motivation politique. Ce ne sont donc pas des attentats au sens premier, mais des opérations de terreur, comme celle, plus diffuse, que les Français subissent depuis cinq mois avec l’opération « Covid-19 ». Il s’agit, avec moins de bruit de fusillade et autant sinon plus de bruit médiatique, de poursuivre ces opérations de terreur, mais sous une autre forme.
En novembre 2019, les familles des victimes des attentats du 13 novembre 2015 attendaient toujours un procès, maintes fois repoussé, qui devrait finalement avoir lieu en janvier 2021.
Rien n’est plus comme avant, titre France Culture en janvier 2020 :