Après une période d’équité bien peu équitable, et malgré une mauvaise volonté manifeste de certains médias, il semblerait enfin que France Télévisions cède à la pression et se décide à programmer des débats en début de soirée pour les présidentielles. Il était temps !
Une équité bien peu équitable
Le CSA a publié les temps de parole de la période dite d’équité, qui nous a occupé jusqu’au 19 mars. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Nicolas Sarkozy et François Hollande ont bénéficié de près de 60% du temps de parole sur plus de deux mois et demi. Suivent Marine Le Pen (12%), François Bayrou (11%) et Jean-Luc Mélenchon (8%), puis Eva Joly, à 4,8%, Nicolas Dupont-Aignan, à 1,8%, Philippe Poutou, Nathalie Arthaud et Jacques Cheminade, autour de 1%.
En outre, ces chiffres ne prennent pas en compte les horaires de diffusion car l’accès à la tranche 20-23H a été particulièrement parcimonieux pour les plus petits candidats. Sur toute cette période, Nicolas Dupont-Aignan a eu droit uniquement à sept minutes de plateau sur TF1 et rien sur France 2 alors que les deux principaux candidats ont eu plusieurs heures d’exposition sur la chaîne publique avec notamment deux participations à Des Paroles et des Actes.
Bref, la période d’équité a été tout sauf équitable. Est-il normal de se baser uniquement sur les sondages pour fixer les temps de parole ? Et cela est d’autant plus choquant que les deux gros candidats ont eu tendance à être surreprésentés, quand les trois poursuivants avaient tendance à être nettement sous-pondérés, sans que rien ne le justifie. Et il est bien évident que les plus petits candidats ne pouvaient pas émerger avec un traitement aussi sommaire.
Menace sur l’égalité
Le 20 mars, nous sommes rentrés dans une période dite d’égalité, découpée en deux parties : les trois premières semaines, l’égalité est globale et ne prend pas en compte les horaires de passage, ce qui explique les diffusions de nuit des discours des « petits candidats » pour compenser… Mais à partir de lundi prochain, l’égalité devra également prendre en compte les horaires de diffusion. Elle sera donc totale et permettra plus encore l’émergence de certains candidats.
Cela est d’autant plus important que la première semaine de campagne a été dominée par les évènements de Toulouse, marquant une pause dans le débat public. Pire, certains patrons de chaînes de télévision et de radios, en protestation contre les règles rigides du CSA, ont carrément déprogrammé les émissions politiques. Cela est d’autant plus révoltant que beaucoup avaient accordé une très large place au débat des primaires socialistes, qui n’était pas plus légitime.
Heureusement, grâce à la pression de certains candidats, et notamment de Nicolas Dupont-Aignan, on se dirige vers un retour des émissions politiques pour la fin de la campagne, a priori sous la forme de deux débats avec les candidats ou leurs représentants. François Hollande et Nicolas Sarkozy devraient même y participer, à condition de ne pas s’affronter. Pourtant le président sortant avait dit la semaine dernière sur BFM que seul le débat de second tour était légitime.
Il était tout de même malheureux que quelques patrons de médias rechignent devant 5 semaines d’égalité en cinq ans. Quelle curieuse vision de la démocratie, surtout pour le service public. Heureusement, il semblerait que tout le monde revienne à la raison.