Hélie de Saint-Marc s’est éteint il y a tout juste un an.
Bien que le pouvoir en place soit peu avare de commémorations et autres protocoles de reconnaissance éternelle, les mobilisations officielles pour faire honneur à cet ancien résistant, officier de la Légion, auteur de nombreux ouvrages et plusieurs fois distingué, avaient été quasiment inexistantes. Pourtant, non seulement Hélie de Saint-Marc incarnait par son parcours les valeurs de loyauté, de courage, de détermination que l’on peut estimer chez un homme, mais il avait aussi souffert profondément dans sa chair des grandes douleurs françaises de ce tumultueux milieu de XXème siècle.
En février 1941, alors que la débâcle de la France est à peine consommée, Hélie de Saint-Marc s’engage dans la Résistance. En 1943, alors qu’il tente de rejoindre une unité en Afrique du Nord, il est arrêté et déporté à Buchenwald, où il frôlera la mort.
Engagé dans la Légion étrangère après la guerre, il est envoyé en Indochine où il collabore pendant dix-huit mois avec des populations Tày, une minorité implantée au nord du Vietnam. Lors du retrait des forces françaises, il est contraint par le commandement d’abandonner les villageois ralliés à la France au châtiment des troupes communistes. Cette blessure le marquera à jamais. Il l’a à l’esprit lorsque, une dizaine d’années plus tard, il voit poindre l’abandon des Pieds-Noirs et des Harkis à travers la marche vers l’indépendance de l’Algérie. Convaincu de devoir s’opposer au général De Gaulle, il participe activement au putsch des généraux. Il est alors par intérim à la tête du 1er REP, et il mène des opérations de prise de contrôle dans Alger.
Hélie de Saint-Marc sera condamné à dix ans de réclusion. Il est gracié après cinq ans et sort de prison en 1966.
Il entreprend alors une carrière civile, mais il reviendra sur ses expériences à travers plusieurs ouvrages, dont une autobiographie, Les champs de braises. Mémoires, publiée en 1995. Il donnera de nombreuses conférences en Europe et outre-Atlantique, et sera décoré de la grande croix de la Légion d’honneur en 2011. Juste avant de mourir, le 26 août 2013, à l’âge de 91 ans.
Homme des premières lignes de l’histoire militaire française de la Seconde Guerre mondiale à la guerre d’Algérie, Hélie de Saint-Marc a aussi cherché continuellement un sens, des enseignements, dans la souffrance et les grands déchirements, avec la préoccupation héroïque de ne jamais tourner le dos à ses valeurs.