Le discours prononcé par la président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, à l’occasion de la tenue du onzième « Club Valdaï » qui s’est déroulé à Sotchi, est appelé à prendre une place importante dans la définition de la politique étrangère de la Russie.
Ce n’est pas la première fois que Vladimir Poutine se livre à pareil exercice. Il l’avait déjà fait en février 2007, à Munich. Quoi que l’on puisse penser de la politique internationale russe, il faut s’arrêter et chercher à comprendre ce qu’un tel discours signifie. Ce n’est pas tous les jours, en effet, qu’un dirigeant de l’importance de Poutine s’exprime sur le fond de la nature des relations internationales. La comparaison entre le discours prononcé à Sotchi le 24 octobre 2014 et celui de 2007 n’en devient alors que plus importante. Le discours de Munich, venant après la période de tension internationale provoquée par l’intervention américaine en Irak en tirait en quelque sorte un bilan. Ce discours indiquait la conscience au moins diffuse d’une crise dangereuse des représentations des relations internationales par rapport à laquelle il importait de prendre date. Il est très regrettable que ce discours, certes discuté et largement commenté parmi les spécialistes, n’ait pas eu plus de retentissement. Il anticipait de manière étonnante les diverses crises que le monde allait traverser dans les années suivantes. Le discours de 2014 survient alors que les relations internationales se sont à nouveau largement dégradées. La crise ukrainienne à mis face à face la Russie (appuyée par une large partie des pays considérés comme « émergents ») et les États-Unis et leurs alliés. Ce discours est peut-être moins riche sur le plan des principes, mais certainement plus précis quant à la définition des risques et des menaces, et constitue lui aussi un moment fort dans les relations internationales.
Un constat pessimiste
Dans le discours prononcé le 24 octobre 2014, Vladimir Poutine exprime un fort pessimisme quant à l’évolution des relations internationales. Alors que le discours de Munich en 2007 était largement un discours proposant une nouvelle logique à ces relations, il exprime au contraire aujourd’hui le constat que rien n’ayant été changé, la dégradation est inévitable. Reprenons ses expressions ; le premier constat porte sur la nature de la situation internationale : « Tout d’abord, les changements dans l’ordre mondial – et tout ce que nous voyons aujourd’hui constitue des événements de cette ampleur – ont généralement été accompagnés sinon par une guerre et des conflits à l’échelle mondiale, du moins par des chaînes de conflits locaux intenses. Deuxièmement, la politique mondiale est avant tout une question de leadership économique, de guerre et de paix, avec une dimension humanitaire, incluant les droits de l’homme. »
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