Le revenu annuel moyen pour un citoyen israélien s’élève à 19 000 dollars, ce qui équivaut à 17 fois celui d’un Palestinien habitant en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza. Israël est l’un des rares États qui sort relativement indemne de la crise financière actuelle, et sa situation sécuritaire s’est considérablement améliorée ces dernières années. Malgré ces points positifs concernant les conditions de vie dans « l’État juif », les Israéliens se pressent pour obtenir des passeports étrangers et émigrer vers une nouvelle vie en Occident.
Une étude récente a montré qu’un million d’Israéliens a quitté le pays sur ces vingt dernières années. Alors que par le passé, les émigrants avaient tendance à partir en douce, ils ont désormais peu d’états d’âme à abandonner le projet sioniste.
Pourquoi autant d’Israéliens se hâtent-ils de quitter la « Terre promise » ? Il y a même des séminaires et des conférences organisés sur le thème de l’émigration. Les résultats d’une étude effectuée auprès d’Israéliens ayant émigré avance que la question principale qu’ils se posent n’est pas : « Pourquoi avons-nous quitté Israël ? », mais « Pourquoi avons-nous attendu aussi longtemps pour partir ? »
Une autre étude menée auprès de jeunes Israéliens vivant dans les colonies a montré qu’environ la moitié d’entre eux préfèrerait vivre ailleurs. Israël, pensent-ils, n’est pas l’endroit idéal où construire son foyer.
Il est intéressant de noter que la très grande majorité des migrants israéliens font le choix de l’Allemagne. Les gouvernements israéliens successifs ont tous exploité l’holocauste perpétré par les nazis d’Allemagne contre les juifs d’Europe pour justifier leur vol de la terre de Palestine. Ils ont également récupéré des milliards de dollars, au titre de « réparations », de la part du gouvernement allemand.
Non seulement un million d’Israéliens a déjà quitté le pays ces vingt dernières années, mais il y a aussi une forte augmentation de la demande de passeports étrangers parmi ceux restés en Israël. D’aucuns prétendent qu’environ 60 % des Israéliens ont pris contact avec des ambassades étrangères pour des demandes de passeports.
Environ 100 000 Israéliens possèdent déjà un passeport allemand, la plupart étant supposés être les descendants de juifs allemands ayant quitté le pays pendant ou après l’Holocauste. On estime à un demi-million le nombre d’Israéliens possédant la double citoyenneté américaine et israélienne. Les services de l’immigration américains reçoivent 250 000 demandes par an provenant d’Israéliens pour obtenir des cartes vertes (autorisant la résidence) ou la citoyenneté américaine.
La plupart des Israéliens ayant émigré justifient leur départ par la recherche d’une « meilleure vie », même si la situation économique en Israël est bonne. Le fait que quasiment 40 % des citoyens israéliens sont de toute façon nés dans un autre pays, fait que l’émigration n’est pas un problème si important en soi. La sécurité, souvent citée comme raison principale, n’est pas si mauvaise actuellement, mais ils veulent s’assurer d’un futur plus stable avec la certitude de vivre en sécurité.
Bien que le gouvernement israélien s’alarme du nombre de juifs quittant le prétendu « État juif », il ne veut pas souligner le problème par crainte que cela n’en encourage d’autres à franchir le pas.
La gouvernance israélienne reconnait que le projet sioniste s’est construit sur deux hypothèses clefs : la saisie de terres palestiniennes et le transfert sur celles-ci du plus nombre de juifs possible pour les occuper. À la lumière de statistiques récentes, il semblerait que l’immigration nette décline ; ce qui pourrait marquer le début de la fin de la bataille démographique menée par Israël contre la population indigène palestinienne.
Du départ de ces migrants d’Israël, pourraient résulter de grosses pertes économiques du fait que les candidats au départ sont des personnalités éminentes dans leurs domaines, techniciens ou scientifiques hautement qualifiés. Ils jouent un rôle important dans le maintien de la supériorité technologique israélienne, qui est un des piliers de leur économie. Le revenu annuel provenant des industries techniques est estimé à environ 7 milliards de dollars.
La « fuite des cerveaux » a également touché les secteurs militaire et de la sécurité, qui s’appuient tous deux sur une position de leader, dans la compétition technologique dont ils dépendent. On le voit notamment dans leur production de « drones » sans pilotes ; cette force de frappe aérienne qui permet à Israël d’être prêt à détecter et à repousser toute menace stratégique et existentielle. Israël est aussi soupçonné d’être responsable du développement du virus informatique Stuxnet, qui a été utilisé avec une grande efficacité contre le programme de développement nucléaire iranien. Une pénurie de personnel suffisamment qualifié touche désormais également les réseaux de renseignements israéliens.
La question qui reste à poser est simple : si les mythes fondateurs d’Israël sont vrais, et qu’il existe bel et bien des raisons éthiques et religieuses pour l’établissement d’un État sur une terre sur laquelle un autre peuple vivait déjà, pourquoi autant d’Israéliens quittent-ils « la Terre promise » ?
Saleh al-Na’ami