Une étude californienne montre que lorsque ses opinions politiques sont remises en question, le cerveau déclenche une réaction de résistance, de défense, comme s’il s’agissait d’une croyance religieuse.
« Tu n’écoutes rien, tu restes campé sur tes positions ! » vous assène votre beau-frère, lors d’une discussion politique dans un repas de famille ? Répondez « Ce n’est pas ma faute, c’est mon cerveau », et vous aurez raison ! En effet, une étude de l’Institut du cerveau et créativité de l’université de Californie du Sud (Los Angeles) publiée dans Nature, l’affirme : le cerveau s’accroche à ses croyances politiques contre vents et marées !
Pour démontrer cela, 40 participants américains entre 18 et 39 ans, se décrivant eux-mêmes comme « libéraux » ayant « des opinions politiques solides », ont été soumis à un questionnaire où ils devaient évaluer la force de leurs opinions politiques telles que « l’avortement devrait être légal » ou « les impôts pour les riches devraient être augmentés » sur une échelle de 1 (faible) à 7 points (fort).
Puis les volontaires sont installés dans un appareil d’imagerie de résonance magnétique (IRM) qui va prendre des clichés de leur cerveau en fonctionnement alors qu’on les soumet à un petit jeu sournois. On leur projette, pendant 10 secondes, une des opinions politiques à laquelle ils ont adhéré totalement (entre 6 et 7 points). Puis s’affichent successivement, pendant 10 secondes également, cinq arguments provocants qui contrent l’opinion de départ, quitte à être mensongers. Par exemple, après l’opinion « Les États Unis devraient réduire leurs dépenses militaires » s’affiche l’argument « La Russie possède près de deux fois plus d’armes nucléaires actives que les États-Unis » (ce qui est faux, Ndlr).
À la fin de la session, l’opinion politique initiale réapparaît et le participant doit de nouveau l’évaluer en faisant varier le curseur de 1 à 7. L’opération est répétée avec huit opinions politiques différentes. Mais aussi avec des allégations n’ayant rien à voir avec le champ politique telles que « Les multivitamines quotidiennes sont bonnes pour la santé » ou « Thomas Edison a inventé l’ampoule ». Soumises elles aussi à des arguments contraires.
« Nous pensons que les croyances politiques sont liées à l’identité »
Après analyses des résultats, le bilan est sans appel : le cerveau défend ses opinions politiques bec et ongles ! Après la lecture des contre-arguments, les opinions politiques perdent en moyenne 0,31 point de confiance, alors que les opinions non politiques perdent quatre fois plus. Pourquoi ? « Nous pensons que les croyances politiques sont liées à l’identité », commente Jonas Kaplan, auteur principale de l’étude, professeur adjoint de recherche de psychologie à l’Institut de cerveau et de créativité.