Soral, ce pseudo « idéologue » qui se prétend l’héritier de tous les grands penseurs sans jamais citer une source, n’est autre qu’un antisémite obsédé. La « pensée » de Soral est criminogène. Elle justifie les crimes antisémites. Et quand ces crimes surviennent comme pour les attentats de Toulouse, Soral s’en tire par une pirouette complotiste : « C’est un complot, Mohamed Merah est un agent de la CIA »…
Toute la vision soralienne du monde, tout son système, globalisant, repose sur un fondement unique : Israël est le vrai maître du monde, le pouvoir financier qui nous domine et nous exploite est entre les mains des juifs, Auschwitz est le mensonge central qui articule le complot juif universel. Tout ce qui pourrait le contredire, tous les faits qu’on pourrait lui opposer deviennent des montages et des manipulations, selon le bon vieux ressort des théories du complot.
Pour parfaire le tableau sur ce cynique antisémite, Soral est financé par l’Iran et le régime syrien de Bachar Al Assad. Il a ainsi avoué avoir perçu 3 millions d’euro par l’Iran. Il soutient ouvertement les terroristes du Hezbollah qui ont perpétrés plusieurs dizaines d’attentats en France dans les années 80, dont les plus tristement célèbres sont ceux chez Taty et contre l’armée française au Drakkar.
Eric Naulleau considère qu’on peut parler de tout avec tout le monde, dans tous les lieux, tout en défendant pied à pied ses convictions. Pourquoi pas, en effet. Il applique ce principe en publiant un ouvrage, Dialogues désaccordés, où il échange avec Alain Soral sur des sujets de société et de politique.
On sent, dans la confrontation entre ces deux positions incompatibles, à quel point Naulleau prend sur lui pour continuer à discuter avec Soral, tant on passe près par moments de la rupture. D’autant que Soral emploie constamment les arguments bas caractéristiques des gens qui, bouffis de leurs certitudes, méprisent tous ceux qui n’ont pas les mêmes : si Naulleau ne pense pas comme Soral, contre l’évidence, c’est uniquement pour conserver sa place et son casse-croûte, évidemment. Soral est courageux, Naulleau est lâche, évidemment. Brillant, comme on voit. J’ai maintes fois entendu ou lu la même chose dès lors que j’émettais des opinions dérangeant quelques sectateurs : il fait ça parce qu’il est payé.
Toute la vision soralienne du monde, tout son système, globalisant, repose sur un fondement unique : Israël est le vrai maître du monde, le pouvoir financier qui nous domine et nous exploite est entre les mains des juifs, Auschwitz est le mensonge central qui articule le complot juif universel. Comme on le voit, rien de neuf. Cette « pensée » a été maintes fois rabâchée, dans la Russie tsariste, dans la France de la fin du XIXe siècle, dans l’Allemagne de l’entre-deux-guerres, et aujourd’hui encore dans la plupart des pays arabes. Elle fournit une explication assez simple de tous les problèmes, et livre des responsables.
La « pensée » de Soral obéit aux mêmes mécanismes et présente les caractéristiques classiques des systèmes doctrinaires. Elle explique tout. Elle se réclame de grands anciens, et Soral ne cesse de répéter qu’il a derrière lui la plupart des grands penseurs, ce qui est bien sûr un gage de vérité. Le dogme, une fois élaboré, trouve partout des preuves. Tout ce qui pourrait le contredire, tous les faits qu’on pourrait lui opposer deviennent des montages et des manipulations, selon le bon vieux ressort des théories du complot : soit il y a partout des preuves que j’ai raison, soit c’est un complot. Comme les juifs ne peuvent pas être des victimes, puisqu’ils sont les véritables oppresseurs, la Shoah est avant tout un produit de la propagande des juifs et des idiots utiles qu’ils manipulent. Quant aux crimes de Mohammed Merah, c’est bien évidemment une manipulation du Mossad et de la CIA. Tout le démontre, qu’on se le dise.
Soral reproche à Naulleau de n’avoir pas de faits à lui opposer. Mais lui-même n’en a aucun. Les délires de Faurisson, sur lesquels il s’appuie, sous prétexte qu’il faut sans cesse « réviser » les certitudes historiques, ont depuis longtemps été anéantis par toutes les recherches sur la Shoah. Il n’empêche : dans cette paranoïa complotiste, un témoignage discordant vaut dix mille témoignages opposés, un petit détail bizarre est surexploité pour remettre en cause un vaste ensemble de faits convergents, puisqu’il faut à tout prix que l’extermination des juifs soit d’abord un subterfuge victimaire destiné à faciliter et à masquer leur domination. Et, bien entendu, Soral est un courageux chevalier de la vérité qui s’oppose virilement aux valets du système judéo-maçonnique.
Le juif et Auschwitz sont chez Soral de véritables obsessions. Mais c’est, bien entendu, celui qui l’interroge sur ces questions qui est un obsédé. Son révisionnisme et son antisémitisme sont flagrants, mais à chaque fois que Naulleau lui demande de préciser sa pensée, Soral se réfugie derrière la loi Gayssot et la peur des poursuites en justice, ce qui paraît surtout un argument rhétorique, destiné à se poser en victime, plutôt qu’un argument sérieux, puisqu’il ne cache guère ce qu’il pense. Loi en effet contre-productive, qui sert principalement aux négationnistes à invoquer un mensonge d’État organisé contre les héros de la vérité. Pas besoin de loi Gayssot pour dénoncer leurs mensonges.
On a vite compris que toute discussion est impossible avec un Soral, sa doctrine fermée ne laisse place à aucune forme de doute ni de vraie discussion, la moindre remise en question est hors de sa portée. C’est pourquoi, contrairement à Éric Naulleau, dont je respecte l’idéalisme, je ne crois pas qu’on puisse discuter avec Soral. Et sans doute s’agissait-il aussi, pour Naulleau, de dépouiller Soral de son déguisement de victime, de mettre à nu ses obsessions. Certes il ne s’agit pas de l’interdire, mais il faut d’abord dire que sa « pensée », et celle du petit groupe de zélotes qui l’entoure, est criminogène. Elle justifie les crimes antisémites. Et lorsque ceux-ci ont lieu, il leur suffit d’affirmer qu’ils n’existent pas. Soral et ses amis sont des crapules dangereuses, dangereux comme peuvent l’être les obsédés du complot, les paranoïaques et les fanatiques.
Les bourreaux dégoûtent, parce qu’ils sont des bourreaux. Mais il y a une catégorie de salauds qui, personnellement, me dégoûte encore plus. Ceux qui viennent après les bourreaux, et dénient aux victimes tout ce qui leur reste : le fait d’avoir été des victimes. Ceux qui viennent pour déclarer que la victime n’a pas souffert, qu’elle n’a pas été tuée, que tout ça, c’est de la blague, et qui en plus en font des blagues. Marrons-nous sur les douleur mortes. Ils finissent le boulot, quoi. Ces ordures-là se nomment Dieudonné et Soral, elles puent le ressentiment, la cruauté, l’indifférence, la satisfaction ricanante, elles répugnent au-delà de tout.
Pierre Jourde