L’affaire "Waterhouse"/"Lost in care" est une enquête portant sur des abus sexuels commis sur 650 enfants dans plusieurs orphelinats du pays de Galles entre 1974 et 1993. Elle vient de connaître de nouveaux rebondissements et provoque un véritable scandale en Grande-Bretagne.
L’enquête sur les abus sexuels dans des orphelinats du pays de Galles fut menée durant trois ans dans les années 90 sous la direction de sir Ronald Waterhouse. Elle aboutit en 2000 à la production d’un rapport intitulé Lost in care. Celui-ci pointait la constitution d’un véritable réseau pédocriminel organisé, impliquant notamment des élus locaux.
France 3 y consacra un reportage le 16 février 2000 :
Parmi les 28 suspects mis en cause par la commission Waterhouse, le comité d’enquête a suggéré la présence d’une personnalité haut placée, tout en précisant qu’aucune preuve substantielle ne permettait de confirmer cette thèse.
En 2012, l’affaire connaît un rebondissement : un homme, Steve Messham, déclarant avoir été violé à de nombreuses reprises durant sa jeunesse dans un foyer d’accueil gallois, affirme que l’enquête menée par Waterhouse n’a pas révélé l’ampleur des abus. Ses dires sont confirmés par une autre victime, préférant rester anonyme.
Messham déclare avoir contacté la police dans les années 70, mais sans succès, les autorités ne voulant pas croire ses accusations et le considérant comme « instable ».
Messham affirme également que l’un des responsables d’abus sexuels était une personnalité très haut placée. Il demande qu’une nouvelle enquête soit menée.
La BBC consacrait une émission à ce rebondissement le 2 novembre 2012 :
Une enquête est ouverte. De nouvelles informations émergent rapidement, et le 7 novembre, le Daily Star (lien en anglais) publie un article soulignant l’implication possible d’un réseau franc-maçon. La chaine Channel 4 confirme la crédibilité de cette piste en interrogeant directement la police :
Le lendemain, le 8 novembre, la chaîne diffuse un reportage sur Sian Griffith, membre de la commission Waterhouse et ancienne responsable administrative des gardiens d’un foyer d’accueil. Sian Griffith a révélé aux autorités que durant l’enquête de la commission Waterhouse, le nom d’un membre haut placé du gouvernement fut cité parmi les suspects. C’est le directeur de la commission, Ronald Waterhouse lui-même, qui aurait mis fin à l’enquête menée sur cette personnalité. Griffith révèle également qu’une autre personnalité de premier plan fut citée mais qu’elle ne fut jamais appelée à témoigner. Enfin, elle affirme que les photos données en 1979 à la police par Steve Messham furent délibérément détruites.
Suites à ces révélations, deux enquêtes sont donc désormais menées : l’une sur le travail de la police et l’autre sur celui de la commission Waterhouse.
Le même jour, le 8 novembre, le Premier ministre britannique David Cameron est invité sur la chaîne ITV. Le présentateur Philip Schofield lui remet alors, en direct, une liste de personnalités supposées pédophiles dans le parti conservateur (parti de David Cameron). Le Premier ministre semble déstabilisé, mais renvoie toutes les personnes qui voudraient révéler des informations sur de tels actes aux services de police concernés.
Dans un article consacré à cette « embuscade » médiatique, TF1 News souligne par ailleurs que la médiatisation récente des affaires de pédophilie en Grande-Bretagne fait suite au fracas de l’affaire Jimmy Savile, ancien présentateur de la BBC « soupçonné de s’être livré pendant 40 ans à des agressions sexuelles sur de jeunes adolescentes ».
L’enquête sur l’affaire Waterhouse avance, et le 13 novembre, le site d’informations International Business Times explique que des copies d’un rapport portant sur 7 cas de maltraitance en orphelinat, commandé aux services sociaux et mené par John Jillings en 1994, viennent d’être retrouvées dans les archives d’un service administratif du district de Flintshire. Le rapport Jillings avait été mis au placard, c’est-à-dire étouffé en raison de la portée de ses révélations, comme évoqué dans l’émission de la BBC du 2 novembre (voir plus haut). Les copies retrouvées ont été remises à la police.
Affaire à suivre.
Sources : cet article s’appuie sur les informations contenues dans le dossier consacré à l’affaire Waterhouse sur le site Pédopolis.