Ça devait arriver, et c’est arrivé. La répression sociale, la montée du spectacle sur les RS, la dégradation des mœurs, un pouvoir ignoble qui donne des idées, la sous-culturation de banlieue, le fric apparemment facile, le racisme antifrançais, tous les ingrédients étaient réunis pour un remake, en réel cette fois, de La Mort en direct de Bertrand Tavernier (1980) et du Prix du danger d’Yves Boisset (1983).
On achève bien les chevaux handicapés
« C’est une chasse à l’homme télévisée avec une personne qui est poursuivie face à 5 assaillants et si au bout des 4 heures du jeu télévisé la personne qui est poursuivie n’a pas été tuée par les 5 poursuivants, elle empoche un pactole d’un million de francs. »
On y voit chaque jour Raphaël Graven se faire frapper et humilier à de très nombreuses reprises, par d’autres membres de la chaîne hilares, le tout sous les messages d’insultes des spectateurs. Owen C., connu sous le pseudonyme « Naruto », Safine H., et un troisième homme surnommé « 3Cheveux » frappent, étranglent, moquent et humilient Raphaël Graven et « Coudoux », un homme handicapé sous curatelle. (Mediapart)
Là, on n’est plus au cinéma mais sur le Net, et les assaillants ne sont que deux ou trois, mais le poursuivi est enfermé, ce qui est plus facile pour donner la mort, le climax. Les scènes d’humiliation et de tortures, du léger au lourd, ont duré 300 heures, et à la fin, « Naruto » et « Safine », aidés de « 3Cheveux », ont fini par gagner. Ils ont gagné non pas un million, mais beaucoup d’argent, le public payant pour le spectacle.
Vingt minutes plus tard, Naruto présente à ses viewers les divers défis qui seront réalisés au cours du marathon si ceux-ci font des dons suffisamment importants. La majorité implique diverses humiliations pour Raphaël Graven et Coudoux, qui doivent notamment se frapper si l’un deux commet une erreur au cours d’une partie de jeu vidéo. Si le palier de 4 000 euros est atteint, Raphaël Graven doit « nettoyer les chiottes après chaque caca de Coudoux jusqu’à la fin » du direct. (Mediapart)
Euthanasie et profit
En régime néolibéral, tout s’achète, tout se vend, même la souffrance, qui est un sacré marché. Il suffit de briser quelques tabous, et c’est le jackpot. Au début des années 2000, une émission de téléréalité brésilienne faisait gagner du fric à des candidats qui se laissaient humilier par un animateur, par exemple cracher dans la bouche. On passait tout simplement du sens figuré au sens propre.
Aujourd’hui, tout le monde pousse des hauts cris en découvrant que la désocialisation produit des salopards. La presse mainstream s’émeut, mais elle fait partie de ce Système : n’a-t-elle pas validé le tabassage en direct des Gilets jaunes, réprimés comme jamais par Macron et ses sbires ?
- Les deux ordures et leur otage
La racaille d’en bas applique le programme d’en haut
avec ses moyens intellectuels et matériels limités
La mort de ce pauvre gars (le 18 août après des brimades sans fin), manipulé par des crevures soutenues par leurs familles respectives (du moment que le pognon rentre, on ferme les yeux sur la morale), est de l’ordre de la violence horizontale pauvres-pauvres, qui ne doit surtout pas remonter vers les responsables de la violence sociale.
C’est à une autre échelle exactement ce qu’il se passe dans les ghettos noirs de LA, où les Bloods et les Crips s’entretuent sans raison depuis 1972, dans un cycle de vengeances infernal où l’on cherche encore le responsable entre la poule et l’œuf.
L’objet du pouvoir est la violence intraspécifique, en l’occurrence horizontale, quelle que soit l’origine des belligérants, un handicapé soumis et des racailles sadiques. Au-delà de cette explication de très basse ou de très haute politique, selon votre côté de la barrière sociale, plutôt du plafond social, ce ne sera qu’indignation stérile et moraline dégoulinante. S’attendre à une loi contre les RS et la liberté d’expression, qui va évidemment être accolée à ce drame aussi prévisible qu’annonciateur. Ceux qui misent sur la guerre civile entre Français et racailles – et par extension banlieusards – seront servis sur un plateau !
Ce n’est qu’un début, le combat de l’élite contre le peuple continue. Quant à ceux qui réclament sur les mêmes réseaux la peine de mort pour les trois bourreaux, qu’ils sachent que leur élimination ne changera rien à la violence structurelle, qui va produire des Pormanove un peu partout. On terminera cet article par une citation de Simone Weil :
« L’acte méchant est un transfert sur autrui de la dégradation qu’on porte en soi. »
William Thay dit la vérité sur l’ARCOM et la mort de Jean Pormanove.
"Vous avez un budget de 47 millions, 355 employés. On parle de vidéos qui sont devenues virales avec des millions de vues, de 150k spectateurs à chaque live, c'est IMPOSSIBLE de passer à côté." (Europe 1) pic.twitter.com/Ps3OEtDKFS— Sir (@SirAfuera) August 20, 2025