Comment la CIA a-t-elle financé Daesh ou Al-Qaeda ? Je recommande la lecture d’un article du New York Times qui détaille de façon intéressante l’opération Bois de Sycomore (Timber Sycamore) par laquelle la CIA a utilisé l’argent de l’Arabie Saoudite pour armer et entraîner les « rebelles » en Syrie, dont les groupes qui mènent aujourd’hui des actions terroristes. Je livre ici quelques extraits traduits par mes soins de l’article.
Une politique ancienne
L’aide aux rebelles syriens n’est que le dernier chapitre d’une relation vieille de plusieurs décennies entre les services secrets d’Arabie Saoudite et les États-Unis, une alliance qui a traversé le scandale des contras en Iran, le soutien aux moudjahidines contre les Soviétiques en Afghanistan et les guerres par procuration en Afrique. Parfois, comme en Syrie, les deux pays ont travaillé de conserve. Dans d’autres cas, l’Arabie Saoudite a simplement rempli les chèques des opérations américaines secrètes.
Le programme conjoint d’armement et d’entraînement, que d’autres pays du Moyen-Orient ont contribué à financer, se maintient alors que les relations de l’Amérique avec l’Arabie Saoudite – ainsi que la place du Royaume dans la région – sont en mutation permanente. Les liens historiques entre pétrole pas cher et géopolitique qui ont longtemps rapproché les deux pays se sont distendus à mesure que la dépendance américaine au pétrole étranger déclinait et que l’administration Obama marchait à tâtons vers un rapprochement diplomatique avec l’Iran.
L’opération Bois de sycomore
Quand M. Obama donna son accord pour armer les rebelles au printemps 2013, c’était en partie pour essayer de prendre le contrôle d’une région qui semblait totalement ouverte. Les Qataris et les Saoudiens avaient commencé à fournir des armes en Syrie depuis plus d’un an. Les Qataris avaient même passé en contrebande des cargaisons de missiles chinois portatifs FN-6 par la frontière turque.