L’an passé, à la même époque, l’on apprenait que Washington était en train de mener une étude pour réduire drastiquement le nombre d’armes nucléaires déployées, lequel est d’environ 1 700.
Selon ce qui avait été annoncé, le premier scénario parlait de garder seulement 300 ogives, soit l’équivalent, grosso modo, du format de la force de frappe française. Une seconde option prévoyait d’en garder au moins 700. Enfin, la troisième hypothèse consistant à en conserver entre 1 000 et 1 100.
Ayant fait part de son souhait de voir le monde débarrassé des armes nucléaires lors d’un discours prononcé en avril 2009 à Prague, le président Obama aurait retenu la dernière option, si l’on en croit les informations du New York Times, lequel cite des responsables de l’administration américaine ayant souhaité garder l’anonymat. Une annonce allant dans ce sens – mais non chiffrée – devrait être faite à l’occasion du discours sur l’Union que le chef de la Maison Blanche prononcera devant le Congrès le 12 février.
Quoi qu’il en soit, cette baisse de près d’un tiers de l’arsenal américain irait au-delà des obligations faites par le traité New Start, qui, conclu avec la Russie, est entré en vigueur en février 2011. Ce texte prévoit en effet de fixer à 1 550 le nombre d’armes nucléaires déployées d’ici 2018. Il restera à voir la réaction de Moscou à l’annonce de cette réduction.
Le président Obama “croit que nous pouvons faire des coupes plus radicales – et épargner beaucoup d’argent – sans compromettre la sécurité de l’Amérique au cours de son second mandat. Et les chefs militaires ont approuvé cette idée”, peut-on lire dans l’article du New York Times.
La dissuasion américaine est mise en oeuvre par des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), dont le programme de renouvellement a été lancé, des bombardiers stratégiques (comme le B2) et des missiles balistiques. L’une de ces composantes pourraient donc être supprimées ou toutes seraient susceptibles d’être réduites.
En ces temps de difficultés budgétaires, la force de frappe américaine, qui doit encore être modernisée, était dans le collimateur d’élus démocrates. “Le mur de Berlin est tombé. L’Union soviétique s’est effondrée. La Guerre froide a pris fin. Pourtant, 20 ans plus tard, nous continuons à dépenser 50 milliards de dollars par an pour l’arsenal nucléaire américain. Cela n’a aucun sens. Ces fonds sont une ponction sur notre budget et un mauvais service à la prochaine génération d’Américains. Nous volons l’avenir pour payer des armes inutiles et du passé”, avaient fait valoir un groupe de parlementaires emmenés par le sénateur Ed Markey, en octobre 2011.
Ce constat est à peu près le même que celui établi par le général James Cartwright, ancien vice-président du Comité d’état-major des forces armées américaines (Vice Chairman of the Joint Chiefs of Staff) et ex-commandant de l’U.S. Strategic Command. Pour l’officier, l’arsenal américain ne répond plus aux menaces du XXIe siècle dans la mesure où il ne s’agit plus de disposer d’une capacité de frappe énorme pour contrer l’Union soviétique. Selon lui, 900 ogives nucléaires seraient même suffisantes pour garantir la sécurité des Etats-Unis, même en déployant que la moitié.
Mais il n’est pas certain que cette idée de réduction drastique de l’arsenal nucléaire américain soit du goût de tout le monde, à commencer par les élus républicains. D’ailleurs, lors de la course à la Maison Blanche, l’an passé, le candidat du Grand Old Party, Mitt Romney, avait déclaré que “sur l’arène internationale, la Russie n’est pas un personnage amical. Le fait que le président américain veut plus de souplesse dans les relations avec la Russie est un signe alarmant (…). La Russie est sans aucun doute notre ennemi géopolitique numéro un.”
En outre, les élus républicains font valoir que le parapluie nucléaire américain protége aussi les alliés des Etats-Unis, comme la Corée du Sud et le Japon, deux pays potentiellement exposés. Qui plus est, pour eux, la montée en puissance chinoise est aussi un élément à prendre considération.