Les ministres européens des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni se rendaient d’urgence vendredi à Genève pour y rejoindre leur homologue américain John Kerry dans les discussions sur le nucléaire iranien, alimentant l’hypothèse d’un accord historique imminent après des années de blocage.
M. Kerry a interrompu une tournée au Proche-Orient afin d’aider à réduire les différences dans les négociations, et à l’invitation de la diplomate en chef de l’Union européenne, Catherine Ashton, qui préside les discussions, a indiqué un responsable américain. Il a quitté en milieu de matinée l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv.
Il y retrouvera les membres européens du groupe des 5+1 (Etats-Unis, Chine, Royaume-Uni, France, Russie et Allemagne) chargé de négocier un accord sur le très contesté programme nucléaire iranien.
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius est arrivé en Suisse dès vendredi matin.
"Il y a des avancées mais rien n’est encore acquis", a-t-il dit à son arrivée ajoutant : "Nous voulons un accord qui soit une première réponse solide aux inquiétudes liées au nucléaire iranien".
"Je suis venu personnellement à Genève parce que cette négociation est difficile, mais importante pour la sécurité régionale et internationale", a-t-il aussi déclaré.
Un texte intérimaire est en cours de discussion et Laurent Fabius a estimé que c’est une étape qui pourrait être importante et qui nécessite une discussion au niveau ministériel, avait expliqué auparavant un porte-parole de son ministère.
"Je me rends à Genève pour les discussions sur le nucléaire iranien", a annoncé pour sa part sur Twitter le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague.
Le ministre allemand Guido Westerwelle sera également présent.
"C’est un moment important des négociations(...) Le ministre des Affaires étrangères, M. Westerwelle, se rend actuellement à Genève, afin de participer là-bas aux discussions en cours sur l’Iran", a déclaré une source diplomatique allemande, ajoutant que le ministre s’était déjà entretenu par téléphone avec ses homologues français et britannique.
En revanche, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, n’a pas prévu de se rendre à Genève, selon un de ses porte-parole.
Israël a fait part de son côté vendredi de sa colère en mettant en garde les Occidentaux au sujet d’un accord avec l’Iran, son ennemi juré, en assurant qu’il ne se sentirait pas tenu par un tel accord.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a mis en garde vendredi contre un accord avec l’Iran en rencontrant le secrétaire d’Etat américain John Kerry en route pour Genève pour négocier un compromis.
"Israël n’est pas tenu par cet accord et fera tout le nécessaire pour se défendre et défendre la sécurité de son peuple", a plaidé M. Netanyahu, en dénonçant l’arnaque du siècle, lors d’un tête-à-tête de deux heures avec M. Kerry à l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv.
Les discussions de l’Iran et le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France et Allemagne) à Genève sont centrées sur une proposition de l’Iran, où le changement de ton sur le dossier est perceptible depuis l’élection en août du président modéré Hassan Rohani.
Selon cette proposition, non rendue publique, l’Iran accepterait de geler une partie de son programme controversé en échange de la levée de certaines sanctions internationales qui asphyxient son économie.
L’enrichissement d’uranium par l’Iran est au coeur des inquiétudes des pays occidentaux et d’Israël, qui craignent que l’uranium enrichi à 20% soit utilisé pour obtenir de l’uranium à 90% pour un usage militaire.
Dans une entretien avec la télévision publique suisse RTS enregistrée tôt vendredi matin Mohammad Javad Zarif (photo ci-dessus), le chef de la diplomatie iraienne a évoqué les menaces israéliennes affirmant qu’Israël doit stopper ses menaces. "Une attaque israélienne serait la loi de la jungle", a-t-il dit.
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