Dans un essai à paraître le 17 mars, le cinéaste et écrivain Alain Fleischer ravive la controverse sur l’antisionisme virulent du réalisateur suisse.
Le nouveau livre d’Alain Fleischer porte le titre étrange de Réponse du muet au parlant et consiste en une démolition ambiguë, tout en violence et admiration, de Jean-Luc Godard. Le cinéaste et écrivain a entrepris en 2005 un travail au long cours, complexe et tumultueux, avec Godard et les étudiants plasticiens du Fresnoy-Studio national (Nord). Entre ce qui avait été imaginé au départ et le résultat finalement produit, le projet a considérablement évolué, prenant la forme que voulait bien lui donner, au gré de ses humeurs, le vieux maître Nouvelle Vague.
Un film sorti en 2007 résume cette aventure artistique et conflictuelle, Morceaux de conversations avec Jean-Luc Godard (éd. Montparnasse). Il fut accompagné d’un début de polémique au sujet de l’antisionisme virulent que Godard y exprime et qui fait écho à certaines scènes de l’un de ses derniers films, Notre Musique (2004). Particulièrement un plan où il juxtapose et commente des photos anciennes montrant, pour l’une, des juifs arrivant en Israël par la mer, et pour l’autre, des Palestiniens qui au contraire embarquent. En voix off, Godard légende : « Les Israélites vont vers la Terre promise, les Palestiniens vont vers la noyade. Le peuple juif rejoint la fiction, le peuple palestinien le documentaire. »