La « journée de la colère » décrétée vendredi par les Frères musulmans en Égypte a dégénéré en de nouveaux affrontements meurtriers au Caire et dans d’autres villes du pays. Au moins 70 personnes ont été tuées, pour l’essentiel des partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi.
Dans deux morgues improvisées dans des mosquées du centre du Caire, où les forces de l’ordre ont tiré sur les manifestants, un journaliste de l’AFP sur place et des témoins aux récits concordants ont totalisé au moins 39 corps.
Des sources officielles ont également affirmé que 31 personnes avaient été tuées dans différentes provinces du pays, sans prendre en compte le bilan du Caire.
De leur côté, les Frères musulmans, la confrérie islamiste de M. Morsi qui avait appelé à manifester pour protester contre la dispersion sanglante de ses rassemblements il y a deux jours, ont évoqué au moins 45 tués vendredi seulement pour le Caire. Ils ont appelé à une semaine de manifestations quotidiennes dans tout le pays.
Mises en garde ignorées
Bravant les mises en garde du gouvernement mis en place après la destitution de Mohamed Morsi, le 3 juillet, les partisans de l’ancien président islamiste ont de nouveau exigé son rétablissement dans ses fonctions et la démission du chef de l’état-major de l’armée, le général Abdel Fattah al Sissi, qui cumule également les fonctions de ministre de la Défense et vice-Premier ministre, et qu’ils tiennent responsable des troubles meurtriers de mercredi.
Dans la matinée, l’armée égyptienne avait déployé des dizaines de véhicules blindés dans la capitale. Le ministère de l’Intérieur avait prévenu la veille que les forces de sécurité tireraient à balles réelles contre ceux qui s’en prendraient à elles ou à des bâtiments officiels.
Le pouvoir mis en place par l’armée a assuré se battre contre un "complot terroriste malveillant" des Frères musulmans pour justifier la répression qui a fait plus de 600 tués ces trois derniers jours.
Affrontements
Mais des milliers d’islamistes ont convergé à la sortie des grandes prières du vendredi vers une place dans le centre de la capitale, où des affrontements ont éclaté. Les manifestants, le visage protégé par des masques chirurgicaux, des masques à gaz et des foulards, ont fait face aux gaz lacrymogènes.
L’agence de presse officielle MENA a annoncé le décès d’un policier, tué par balles dans le nord de la capitale.
Inquiétude à l’étranger
Cette aggravation de la situation et la polarisation croissante de la société égyptienne inquiètent la communauté internationale. Réuni d’urgence, le Conseil de sécurité de l’ONU a lancé jeudi soir un appel à la retenue.
De leur côté, François Hollande et Angela Merkel ont estimé vendredi que l’Union européenne devrait revoir ses relations avec l’Égypte à la lumière des derniers développements. Berlin a annoncé une telle révision sans attendre.