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Naïf, le maire communiste de Grigny appelle à l’union entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon

Parue le 2 mars 2017 dans Libération, la lettre montre la cassure non plus entre l’élite politique et le peuple, mais les politiques d’en haut et les politiques d’en bas. Philippe Rio est le maire PCF de Grigny, qui est aux autres villes françaises ce que le Soudan est aux autres pays en termes de richesse.

Je suis maire d’une ville où plus d’un enfant sur deux vit sous le seuil de pauvreté. Dans cette ville, la santé est devenue un luxe. Dans cette ville, le plafond de verre contraint une partie de la jeunesse à renoncer à ses rêves. Dans cette ville, des gens ne mangent pas toujours à leur faim…

Cette ville, ma ville, est une ville populaire. Il y manque des médecins, des enseignants, des policiers, des assistants sociaux. Cette ville, c’est Grigny. Mais cela pourrait être n’importe quelle autre ville populaire. Nous sommes victimes de la ségrégation sociale et territoriale, de la discrimination à l’adresse, de ce système qui fabrique de l’exclusion, de la résignation et de la violence.

Les Grignois, comme l’ensemble de nos concitoyens modestes, ne peuvent plus attendre pour l’égalité. Ils ont besoin d’une hausse immédiate des salaires. Il faut redonner des moyens à l’école de la République et renouer avec la police de proximité. Nos concitoyens veulent des logements dignes, des transports de qualité, une énergie propre et moins chère, un environnement respirable. Ils doivent pouvoir se soigner et continuer à être fiers d’un système de sécurité sociale qui émancipe de la loi du plus fort.

Cher Benoît, cher Jean-Luc, à Grigny comme ailleurs, vos carrières, vos querelles, on n’en a rien à faire. L’urgence dans ce pays est sociale. Elle est celle de l’égalité réelle, des droits sociaux, du climat. Ensemble faisons le constat que ce quinquennat est un rendez-vous – encore – manqué pour les classes populaires. Construisons des propositions d’urgence pour les habitants de nos quartiers. Nous voulons la mise en œuvre de droits réels. Nous n’accepterons plus le saupoudrage de la politique de la ville, des politiques dites prioritaires, toutes ces expressions de solidarité, voire de charité.

 

Philippe Rio invective et Hamon et Mélenchon, qui n’arrivent pas à s’entendre, selon lui, et dont les dissensions portent, entre autres, sur l’Europe. Si Mélenchon, deux fois plus haut que Hamon dans les sondages, a besoin des voix de ce dernier pour se hisser au second tour éventuel face à Marine Le Pen, le transfert des voix n’est pas gagné. D’abord parce que Mélenchon a tapé sur le PS depuis qu’il en est parti, et ensuite parce qu’une bonne partie des socialistes ou des ex-socialistes va voter Macron. On assiste en effet pendant cette campagne à une reconfiguration du paysage politique, avec une droite nationale qui n’a pas changé, une droite conservatrice en (re)formation, un centre droit ou gauche selon le point de vue, et enfin une vraie gauche. Ou plutôt plusieurs vraies gauches. Qui n’iront pas plus loin que le premier tour, puisqu’elles sont désunies, et qu’elles visent principalement les législatives. C’est le cas de Hamon avec son PS résiduel, qui compte bien conserver une implantation à la Chambre des députés.

Ceci étant dit, là où Rio est naïf, c’est qu’il ne voit pas que la politique n’est pas le prolongement des désirs ou des besoins des gens, mais un entrelacs d’ingénieries. Qui fausse toute logique de rassemblement, par exemple, ou qui heurte les raisonnements empreints de morale. Au niveau national, il n’est plus question de social ou d’emplois, de lutte contre les violences ou de soins médicaux ; il est question de calculs, d’alliances, de rapports de forces. C’est ce que rapporte à longueur de colonnes Le Canard enchaîné, qui dit une vérité, celle de cette écume politique. La question du fond et du pouvoir profond est un autre débat...

Il faudrait que quelqu’un se dévoue pour annoncer, en termes délicats, à Phillippe Rio que le candidat Hamon fait tout pour torpiller Mélenchon, et que l’union de la gauche serait pour Hamon la mort assurée. C’est pour cela qu’il ira au premier tour, bardé de son programme de rêve pur, avec le fantasme d’un paradis artificiel pour tous, où seules les classes laborieuses iraient au turbin pour financer une armée de déclassés contrôlés par l’oligarchie. Un programme bigbrotherien bien dans la ligne d’un socialisme dévoyé.

Réflexions sur les gauches françaises, par Kontre Kulture

 

Mélenchon et Hamon, sur E&R :

 






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