L’anthropologue des religions et philosophe Malek Chebel est décédé ce 12 novembre, à l’âge de 63 ans, à Paris. Spécialiste de l’islam, défenseur de la liberté politique comme de la liberté de pensée, il défendait un « islam des lumières ».
Né en 1953 en Algérie, Malek Chebel, anthropologue et psychanalyste, était l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à la question de l’islam, dont des ouvrages didactiques, comme Le Coran pour les nuls ou L’Islam pour les nuls. Défenseur d’un « islam des lumières », il avait donné de nombreuses conférences à travers le monde et avait à cœur d’expliquer ce qu’était l’islam au plus grand nombre.
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Partisan d’un islam moderne, Malek Chebel a écrit de nombreux ouvrages sur le corps, l’amour et la sexualité en terre d’islam et défendait une relecture féministe des textes sacrés, comme dans l’émission Tout un monde , en mars 2013 :
« Je dis toujours que les femmes musulmanes devraient haïr le IXe siècle, parce que c’est durant le IXe siècle que tout le code s’est refermé sur elle et, depuis, elles végètent un peu, à l’ombre de l’homme. En réalité, le Coran ne parle que rarement des femmes et des hommes. Il parle des croyants et croyantes. Il faut vraiment qu’elles prennent cette perspective-là de la croyance, de la foi, qui donne des droits à la femme autant qu’à l’homme, et qui leur permettra à terme de se dégager de tout le carcan vieillot, patriarcal, ancien, bédouin. »
Après les attentats de janvier 2015, Malek Chebel avait été invité à plusieurs reprises sur France Culture, pour raconter sa vision de l’islam. Dans un long entretien avec Laure Adler, pour Hors Champs, il revenait sur sa découverte et sa conception de la religion :
« Dans mon enfance j’ai étudié le Coran, je l’ai même appris en partie, parce qu’il fallait combler le vide de l’école. En 62, quand on est un jeune Algérien, à 9 ans, on a rien à faire parce qu’il n’y avait pas d’école. L’école était anéantie totalement. Donc nos parents nous ont mis dans une école coranique du coin, pour apprendre le Coran. C’était un apprentissage plutôt subi que voulu. »
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