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Mort de Raymond Poulidor, immense champion populaire français

Immense figure populaire, cycliste au profil complet, fort d’une carrière de 18 ans marquée par sa rivalité avec Jacques Anquetil, Raymond Poulidor s’est éteint à l’âge de 83 ans, à Saint-Léonard-de-Noblat.

 

 

 

 

(...)

C’est une immense figure populaire et sportive française qui s’évanouit. Raymond Poulidor fut davantage qu’un cycliste. Si sa carrière prit fin au crépuscule des années 70, sa présence est restée familière sur les routes – où les foules reconnaissaient encore « Poupou ». Car Raymond Poulidor, qu’on voyait encore au départ du Tour de France cet été, resta l’homme placide, d’une simplicité naturelle, que chacun pouvait aborder sans ambages ni protocole.

Sportivement, il demeure à jamais dans l’imaginaire populaire cet « éternel second », à la fois grand rival et faire-valoir homérique de Jacques Anquetil (cinq fois vainqueur de la Grande Boucle) dans les années 60, qui collectionna les places sur le podium du Tour de France (huit fois entre 1962 et 1976, dont la dernière à plus de 40 ans !) sans en porter le maillot jaune une seule fois.

 

Un palmarès loin du cliché

Mais son palmarès vaut bien plus que ce costume dont on l’habillait de manière figée depuis près d’un demi-siècle : formidable puncheur, excellent grimpeur, Raymond Poulidor remporta notamment le Tour d’Espagne 1964, deux classiques avec Milan-San Remo (1961) et la Flèche wallonne (1963), réalisa le doublé à Paris-Nice (1972 et 1973) et au Dauphiné (1966 et 1969). À quoi on pourrait ajouter le maillot tricolore endossé après le Championnat 1961 et ses sept victoires d’étape au Tour.

 

 

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« Mon nom est entré dans le langage commun. »

 

Après une jeunesse sans confort mais joyeuse au milieu des vaches de la Creuse, ce fils de métayers né le 15 avril 1936 à Masbaraud-Mérignat (Creuse), fasciné par Marcel Cerdan au point d’envisager une carrière de boxeur, ne passa professionnel que tardivement, accaparé qu’il fut d’abord par les travaux des champs puis ses obligations militaires.

 

C’est en 1960, huit ans après avoir disputé sa première course, qu’il signa son premier contrat avec l’équipe Mercier, dirigée par son mentor Antonin Magne, et à laquelle il resta fidèle tout au long d’une carrière qui s’étira sur dix-huit saisons. Poulidor appartient au cyclisme d’une autre époque. L’époque où le Tour peut compter 4 500 km – 1 000 de plus qu’aujourd’hui – et où les routes sont truffées de nids-de-poule quand elles ont la chance d’être goudronnées. L’époque où la télévision ne retransmet pas les étapes dans leur intégralité et où Jacques Goddet emploie l’imparfait du subjonctif dans ses comptes rendus d’étape. L’époque où l’on trouve des cuisses de poulet à la place des barres de céréales dans la musette de coureurs qui se désaltèrent dans les bistrots ou aux fontaines des villages qu’ils traversent. L’époque, enfin, des balbutiements de la lutte antidopage.

 

 

Poulidor fut l’un des tout premiers coureurs de l’histoire à subir un contrôle – surréaliste – en 1966, mené par deux policiers en civil qui ne l’avaient pas reconnu, relevèrent son identité sans lui demander ses papiers, et repartirent sans sceller les flacons d’urine…

Selon le mot de Raphaël Geminiani, qui essaya vainement, en 1966, de réunir Jacques Anquetil et Raymond Poulidor sous le même maillot, celui qui fut, à ses débuts, surnommé « la Pouliche » fit « la première partie de [sa] carrière dans la roue d’Anquetil et la seconde dans la roue de Merckx ». Après plusieurs années dans l’ombre du « Cannibale » et un ultime Tour de France achevé à la troisième place, à 40 ans passés, Poulidor prit sa retraite en 1977. Il se consacra ensuite à la vente des vélos France-Loire-Mercier-Poulidor, à l’entretien de sa popularité et à la promotion du Crédit lyonnais au sein de la caravane du Tour, au jardinage et aux nombreuses séances de dédicace de ses autobiographies.

Dans l’une d’elles, il raconte cet épisode survenu alors qu’il n’avait pas 10 ans, et que sa mère lui confia une fois qu’il était devenu un cycliste de renom : « Un jour, une personne inconnue dans la région est venue à la ferme pour dire : “Dans votre famille, quelqu’un fera parler de lui.” » Poulidor a fait bien plus que ça : « Mon nom est entré dans le langage commun. C’est ma plus belle réussite. »

 

 

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2011 : entretien avec Raymond Poulidor

 

Quel est le quotidien de Raymond Poulidor à soixante-quinze ans ?

Mes journées sont bien remplies. Rien qu’avec les trois livres qui m’ont été consacrés depuis 2004, je pourrais être en séance de dédicaces tous les jours. En ce moment, je m’occupe un peu de mon parc, je taille les haies.

 

Au sommet de votre gloire, vous avez reçu jusqu’à trois mille lettres par jour. Se passe-t-il désormais une journée sans que vous ne receviez rien ?

Tous les jours, j’ai du courrier, quatre ou cinq lettres, et beaucoup en provenance d’Allemagne. Je ne sais pas pourquoi.

 

Des demandes vous surprennent-elles parfois  ?

J’ai reçu le courrier d’une dame qui avait couché sur son testament la volonté de voir son cercueil tapissé de photos de Poulidor. C’est plus qu’émouvant, ça remue.

 

Ça remue, dites-vous, comme les derniers mots que Jacques Anquetil vous a adressés avant de s’éteindre...

C’est difficile de ne pas avoir les larmes aux yeux en y repensant, mais Jacques m’a téléphoné quelques jours avant sa mort (c’était le 18 novembre 1987) : « Tu te rends compte, t’as vraiment pas de chance, tu vas encore faire deuxième ». Dans un reportage de Paris Match, il disait : « Je préfère vivre jusqu’à cinquante ans mais vivre pleinement. » Devant la mort qui arrivait, il ne disait plus la même chose. Car la vie, c’est beau d’être vécue. Lorsque Anquetil a arrêté sa carrière, en 1969, il est devenu l’un de mes plus grands supporters. Un soir de Tour, il est venu dans ma chambre en me disant : « Tu m’as emmerdé sur la route, tu continues à m’emmerder, car ma fille Sophie a dit Poupou avant de dire papa, et elle veut une casquette de toi. »

 

En mai 1968, on peut lire ceci dans Le Monde : « Une seule chose marche en France, c’est Poulidor. » Vous ne vous êtes jamais senti dépassé par votre notoriété ?

On ne s’en rend pas compte sur le moment, parce qu’on est plongé dans son quotidien de coureur. Et d’une certaine façon, j’étais logé à meilleure enseigne que Merckx : une année (en 1974), il gagne un Giro et un Championnat du monde mais pas ses trois ou quatre classiques habituelles et les journaux ont titré : Le déclin de Merckx.

 

Vous avez tout de même été sifflé une fois : à l’arrivée du Tour 1963...

Ça, personne ne me l’avait jamais fait remarquer... Et je suis content d’en dire deux mots : l’admiration du public ne m’a pas rendu service. J’aurais aimé que l’on me siffle plus souvent. En 1962, je prends le départ du Tour avec une main dans le plâtre, je gagne une grande étape de montagne, et j’entre dans la peau du grand favori en 1963. Ce Tour est le plus mauvais de ma carrière. Je déçois et le public me siffle. Piqué au vif, je vais voir Antonin Magne pour qu’il m’aligne au Grand Prix des Nations. Il manque de tomber à la renverse du fauteuil de son bureau : « Vous vous rendez compte, 100 km contre la montre ? » Et je gagne. Quelque chose comme quatre minutes infligées à Ferdinand Bracke, un spécialiste.

 

Vous êtes-vous déjà levé un matin de course avec cette envie de bouffer les autres ?

Jamais, jamais, jamais (il insiste sur chaque syllabe). Je n’étais pas un gagneur, je n’étais pas un tueur. Je vais vous dire pourquoi : j’étais fils de paysans, on travaillait la terre, une terre pauvre de la Creuse, une terre sans rapport, mais jamais on n’a été malheureux. On mangeait tous les jours de la viande, mais on n’avait jamais d’argent dans la poche. Du jour au lendemain, je suis passé professionnel et du jour au lendemain, j’ai tout eu. Qu’est-ce que vous voulez, je me laissais vivre ! Le soir, j’avais le mécano qui s’occupait de mon vélo, je mangeais bien, je dormais bien, j’avais une petite mensualité.

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2004 : Raymond Poulidor sur le plateau de Tout le monde en parle de Thierry Ardisson

 

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