Le président du parti Les Républicains a demandé ce mercredi que soit retirée l’investiture de cette fidèle de la première heure pour les élections régionales, suite à ses sorties sur « la race blanche ».
« Nicolas Sarkozy, ce n’est même pas la peine qu’il songe à se présenter à la présidentielle, je le dézinguerai ! », lâche au Point ce mercredi Nadine Morano, furieuse . Auprès du Scan l’eurodéputée tempère : « Je ne fais pas de politique pour quelqu’un, je fais de la politique pour les Français et pour des idées. Si l’on me tombe dessus c’est évidemment parce que j’ai candidaté à la primaire de 2016. C’est un exercice politique où il faut abattre un à un ses adversaires : le carnage a commencé ». Le ton est donné. Nicolas Sarkozy a proposé ce mercredi que la tête de liste départementale en Meurthe-et-Moselle pour les prochaines élections régionales lui soit retirée, pour avoir maintenu ses propos polémiques sur la race blanche, prononcés samedi sur France 2 dans On n’est pas couché. Une rupture politique pour l’élue Lorraine comme pour le président des Républicains, dont les parcours ont longtemps été très imbriqués.
La fidèle de Chirac rencontre le jeune Sarkozy
Engagée très tôt en politique dans le département de Meurthe-et-Moselle où elle a grandi et étudié le droit, Nadine Morano est nommée déléguée des jeunes du RPR entre 1986 et 1988. C’est à l’occasion de rassemblements avec les jeunes militants qu’elle rencontre Nicolas Sarkozy, un évènement qui changera sa vie. En amont de la présidentielle de 1995, elle délaisse un temps le camp chiraquien et prend parti pour Édouard Balladur, dont le bras droit n’est autre que Nicolas Sarkozy auquel elle restera longtemps fidèle. Entre Jacques Chirac et la truculente Lorraine, les chemins s’écartent encore en juin 2002, lorsqu’elle manque de se voir privée d’investiture aux élections législatives, malgré un parcours jusque-là prometteur. Elle décide de ne pas se résigner et descend interpeller le président en personne à Lyon en marge d’un déplacement officiel, et parvient à le convaincre. Elle réussit l’exploit de se faire élire à Toul du premier coup, dans une circonscription jugée difficile. Son sillon est tracé et elle s’impose peu à peu comme l’une des pièces maîtresses de la future « Sarkozie ».
Les premiers dérapages d’une inconditionnelle
Nadine Morano prend du poids au sein du parti en emportant un siège de conseiller régional en 2004. Sa proximité avec celui qui est alors ministre de l’Intérieur va croissante : même parcours « hors du sérail », même culot, même ambition débordante… Lorsque le 1er septembre 2004, Nicolas Sarkozy annonce vouloir succéder à Alain Juppé à la présidence de l’UMP, un bras de fer s’engage. Jacques Chirac met son ministre de l’Intérieur en demeure de choisir entre ce dernier poste et la place Beauvau. Nadine Morano prend le parti de Nicolas Sarkozy contre le président, un choix payant puisque l’ancien maire de Neuilly gagne la présidence du parti en novembre 2004. Il l’intègre dès lors dans son dispositif de rénovation du parti dont elle deviendra porte-parole en 2007-2008. Elle prépare la victoire de la présidentielle en multipliant les coups médiatiques et les polémiques sur les faits divers, qui font dès lors sa marque de fabrique. Comme lorsqu’elle s’invite en secret à un colloque sur le handicap auquel doit participer Ségolène Royal. Dès le départ de la candidate socialiste, Nadine Morano s’invite sur scène pour dénoncer le fait que la « dame du Poitou » n’a pas voté la loi sur le handicap, sous les caméras d’Envoyé Spécial. Un épisode qui se solde par de nombreuses critiques et une mise à l’écart de la campagne en février 2007.