« Je me suis retrouvé avec 41 dossiers d’inscription de Roms à l’école. Faut les nourrir ! Qui va payer la note ? », interroge le maire de Wissous. « C’est nous », lance la foule. « C’est bien, vous avez vite compris », félicite Richard Trinquier (LR) qui reprend : « Quand ils vont partir, il y aura plus d’un millier de tonnes de déchets.
Qui va payer ? » Et de tendre le micro à un public comme un chanteur qui attend la fin des paroles. Ce lundi soir, l’élu, en assurant « ne pas faire de politique », animait une réunion publique mouvementée sur les deux campements roms de la commune, qui forment le plus gros bidonville du département, où vivent des centaines de personnes.
« Il y a presque autant de monde qu’à la cérémonie des vœux », constate un homme qui tente de rentrer dans une salle archicomble. A l’intérieur, Richard Trinquier retrace les faits : « Il est venu depuis mai 2014, une colonie […] qui a commencé à annexer de façon illégale un terrain […] La commune a une tradition d’accueil […] La preuve, c’est que vous avez un maire d’origine asiatique. »
Les premières réunions avec les Roms, l’installation de l’eau, la scolarisation, autant de points qu’il a rappelés afin de décrire sa bonne volonté. « Puis un beau jour, on me prévient que le long de l’autoroute se sont installées quelques cabanes (NDLR : le second bidonville). J’ai dit au procureur que si on n’intervenait pas immédiatement, ce serait des centaines de personnes ».
D’après les derniers chiffres de la police, 800 vivent désormais sur les deux sites. « Nous avons un système urinaire et digestif qui fait qu’on rejette entre 500 g et 1 kg par jour. Alors imaginez avec la quantité de la population », va jusqu’a décrire le Dr Trinquier. A l’écran, des photographies d’un incendie d’un des deux camps défilent. « Fallait pas intervenir », murmure un homme. Suit une vidéo « pour illustrer la violence que nous rencontrons (de la part des Roms, NDLR) », indique l’édile. Sauf que ce jour-là, il était venu détruire les cabanons avec un bulldozer. « Il fallait foncer dans le tas », assène un habitant.
« Quand j’entends A Mort les Roms, ce n’est pas beau »
« J’ai l’intention de demander des comptes à l’Etat », annonce l’élu. Mais ce lundi soir, les comptes vont vite être réclamés aux bénévoles qui aident les Roms. « Est-ce qu’on peut les mettre là (NDLR : sur l’estrade) pour voir à quoi ils ressemblent », supplie la foule. Un premier qui prétend ne pas être membre des structures citées se lève et tente de dire un mot mais les slogans « Les Roms dehors » et « Prenez-les chez vous » lui font finalement lâcher : « Si on veut vivre dans une société fasciste, allons-y ».