Là, pour le coup, c’est un vrai clash (pas le groupe de punk rock anglais donneur de leçons, mais conflit violent, en français). Un peu plus, ce 10 novembre 2022 sur C8, et les deux bonhommes finissaient sur un octogone, le brun contre le blond, tout un programme.
Le premier, c’est le jeune député LFI et ancien chroniqueur de l’émission TPMP Louis Boyard ; le second, l’animateur que l’on ne présente plus. Le débat portait sur les pérégrinations de l’Ocean Viking, le transport de troupes mondialistes, un régiment de 234 migrants africains refusé par Meloni en Italie, et finalement avalé par le couple Darmanin-Macron à Toulon, chez nous. Un apport inestimable d’ingénieurs et de biogénéticiens !
Dans le verbatim qui suit, nous n’avons pas pris toutes les phrases car dans le combat, on répète souvent les mêmes invectives. On a gardé l’essentiel, mais on n’a pas pu aller jusqu’au bout.
Boyard : Attends, Cyril, t’es en train de me dire que j’ai pas le droit de dire publiquement que Bolloré il est en procès avec 150 Camerounais parce qu’il a défosresté ?
Hanouna : Dans ce cas-là, boycotte la chaîne...
Boyard : Non, je préfère venir sur la chaîne et dire que Bolloré a un procès avec 150 personnes au Cameroun parce qu’il a participé à la déforestation, je devrais être libre de le dire...
Hanouna : T’es venu ici pour faire le malin... Rappelle-moi, t’étais chroniqueur où ?
Boyard : Cyril, t’es en train de te rendre compte que t’es en train de dire à un député qu’il a pas le droit de dire quelque chose à la télé parce que le mec il est propriétaire de la chaîne ?
Hanouna : Non mais redescends de trois étages Louis Boyard... Pourquoi t’as pris de l’argent quand t’étais chroniqueur ? Ça te dérangeait pas de prendre de l’argent ici quand t’étais chroniqueur, est-ce que ça te dérangeait ?
Boyard : Tu t’rappelles pourquoi j’me suis cassé ?
Hanouna : T’es venu ici pour faire un coup d’éclat, c’est très bien.
Boyard : C’est toi qui fais un coup d’éclat, t’es en train de dire à un élu de la République...
Hanouna : Mais arrête de dire, mais arrête de te la raconter, je m’en bats les couilles que tu sois élu, moi !
Boyard : Mais t’es irresponsable ou quoi ?
Hanouna : Tu crois qu’tu vas m’arrêter de parler, tu crois qu’j’ai peur de toi ou quoi ? J’ai reçu plus de gens de la NUPES ici que Zemmour, espèce d’abruti ! Hé, si t’es député c’est grâce à nous aussi. Si t’es député c’est grâce à nous.
Boyard : T’as voté pour moi, toi ?
Hanouna : Demande à Raquel Garrido... Va dans un groupe où t’as plus de liberté qu’ici, t’as même pas de liberté à l’Assemblée nationale, dès que tu parles ils te ferment ta gueule, dès que tu parles ils te ferment ta gueule.
Boyard : T’es un irresponsable Cyril
Hanouna : T’es un abruti.
Boyard : Tu fais monter le racisme en France et on n’a même pas le droit de critiquer Bolloré sur ta chaîne.
Hanouna : Moi chuis l’premier à défendre le racisme ici !
Bien, on s’arrêtera sur ce petit lapsus dû à l’énervement, et on rappellera ce proverbe juif : on connaît l’homme dans sa poche (l’argent), dans son vin (l’ivresse) et dans sa colère (ben sa colère).
La munition principale du petit député du lobby immigrationniste, c’est la puissance de Bolloré en Afrique, que la macronie est d’ailleurs en train de défaire, ce qui place Boyard objectivement dans le camp macroniste. Mais quand on est gauchiste primaire, on n’élève pas son esprit à ce niveau, on reste au ras des pâquerettes manichéennes, avec le riche méchant colonisateur employeur d’esclaves destructeur du PIB africain, et le gentil dénonciateur d’injustice antiraciste ultralibérale.
La vérité est évidemment beaucoup moins noire et blanche, elle est grise, comme toujours. Et le gris c’est le lien entre Bolloré et Rothschild, une famille qui tient une partie du commerce avec l’Afrique à travers des prises de participations croisées. Du coup, toucher à Bolloré c’est un peu toucher aux intérêts français en Afrique.
Sur le plateau, le conflit se limite à une petite algarade de coquelets, puisque c’est le Bolloré patron de chaîne qui est attaqué par Boyard et défendu par Hanouna, avec bec et ongles. La polémique de l’Ocean Viking vient par-dessus ce foutoir, et Boyard se voit opposer la statistique d’un sondage de plateau – qui vaut ce qu’il vaut – de 80 % des sondés contre l’importation d’esclaves en France.
Tout ceci est éminemment hypocrite, puisque ce ne sont pas les 234 migrants qui sont importants, mais les 200 000 ou 300 000 qui débarquent chez nous chaque année, sans faire autant de bruit. Et qu’on retrouve dans les centres pour (faux) mineurs, dans les rues à voler et violer, mais aussi dans les cuisines des restos à faire la plonge, ou sur les vélos à livrer, pour des sommes dérisoires, les plats préférés des bobos qui ne veulent pas bouger leur cul de chez eux, scotchés qu’ils sont devant leurs écrans. Le monde est à eux, le monde vient à eux, mais quel monde ! Imaginez, si un jour ce lumpen-prolétariat se révolte, ce sont les bobos qui vont morfler. Mais pas les donneurs d’ordres.
Nous sommes donc en présence de plusieurs débats à plusieurs niveaux, du plus simple au plus méta, et les deux forces en question, Boyard & Hanouna, ne sont pas forcément les plus calées en concept pour démêler le vrai du faux, l’objectif du subjectif, le fondamental du superficiel. Cependant, il est bon, parfois, que les tensions pètent, pour qu’ensuite le débat se reconstitue sur des bases moins hypocrites.