« Six juifs assis à la Maison Blanche discutent de l’État palestinien » : c’est ainsi que Michael Oren, ancien ambassadeur d’Israël aux États-Unis (2009-2013) a récemment décrit les discussions sur le Proche-Orient aux États-Unis.
Interrogé le 21 juin au 92nd Street Y, le centre communautaire juif new-yorkais, Michael Oren a qualifié d’« immense » la « profondeur avec laquelle les juifs, les juifs américains, ont été impliqués dans l’élaboration des politiques, et pas seulement dans cette administration [Obama, NDLR], mais même dans l’administration précédente ».
Et de poursuivre :
« Dans mon analyse de la relation entre la communauté juive américaine et l’État d’Israël, je parle de la façon dont les pères fondateurs de sionisme – et les mères de sionisme – n’avaient pas prévu la réussite juive américaine. [..] Ils ne pouvaient pas prévoir une situation que j’ai rencontrée régulièrement, qui est six juifs assis à la Maison Blanche, trois Israéliens et trois juifs américains, discutant de l’État palestinien. Cela arrive tout le temps. Très souvent, la seule personne non juive dans la pièce était le vice-président [Joe Biden, NDLR] ou le président [Barack Obama, NDLR]. »
L’ancien ambassadeur d’Israël aux États-Unis confirme ainsi ce qu’avaient développé John Mearsheimer et Stephen Walt dans le livre Le Lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, paru en 2007. Les universitaires détaillaient notamment la puissance de l’AIPAC sur le Congrès des États-Unis par le levier financier :
« Lorsque des questions concernant Israël sont soulevées, le Congrès vote conformément aux positions du lobby, et souvent avec une écrasante majorité. […] En plus des pressions directes exercées sur le Congrès, le lobby récompense – ou punit – les responsables politiques, grâce au levier que constitue le financement des campagnes électorales. […] L’AIPAC, qui se définit lui-même comme le “lobby pro-israélien d’Amérique”, possède une influence quasi incontestée sur le Congrès. Résultat : le pouvoir législatif aux États-Unis s’emploie résolument à défendre Israël. Un débat ouvert sur la politique américaine à l’égard d’Israël n’y a pas droit de cité, alors même que cette politique a des effets sur le monde entier. »