Vendredi matin Laurence Bloch, la nouvelle directrice de France Inter, a annoncé l’arrêt de l’émission Là-bas si j’y suis, créée et présentée depuis 1989 par Daniel Mermet. En colère, celui-ci réagit.
C’était un peu le poil à gratter de France Inter depuis sa création en 1989. Son présentateur un peu cabotin, ses reportages au long cours, son regard critique sur l’actualité, son répondeur incontournable et ses « café repaires » avaient fait de Là-bas si j’y suis un monument de la radio publique. Mais l’émission présentée par Daniel Mermet du lundi au jeudi à 15h donnait de l’urticaire aux directions successives de France Inter. Après avoir survécu à plusieurs attaques, elle ne sera cette fois-ci pas reconduite en septembre prochain. À presque 72 ans, le taulier de l’émission n’a rien perdu de son tranchant. Dans notre entretien, il dénonce « une décision politique », guidée par « des attitudes de revanche personnelle ». Frédéric Schlesinger, l’actuel directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France, avait déplacé Là-bas si j’y suis de 17h à 15h en 2006, quand il était directeur délégué de France Inter. À cette époque le dirigeant avait dû faire face à une pétition de soutien à l’émission qui avait recueilli 216 000 signatures. Aujourd’hui, une pétition similaire circule. Elle a rassemblé 25 000 signatures en 48h. Et un rassemblement est prévu le samedi 5 juillet à 14h devant la maison de la radio contre la suppression de l’émission. Entretien avec Daniel Mermet.
Comment Laurence Bloch a-t-elle justifié auprès de vous l’arrêt de votre émission ?
Daniel Mermet : Elle m’a indiqué cela ce matin (vendredi 27 juin, ndlr). Il y avait des rumeurs, des papiers qui étaient sortis, sans qu’elle ait pris soin de me prévenir, de me voir, ni de dialoguer avec moi en aucune façon. Il n’y a pas eu de confrontation, ni de négociation. La décision a été prise, m’a-t-elle dit, de suspendre l’émission et de suspendre aussi ma présence à l’antenne.