Plus jamais ça ? Cinq ans après la retentissante affaire du Mediator, coupe-faim aux effets cardiaques dévastateurs, où en est-on ? La vibrante promesse lancée en 2011 par Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé, qu’aucun après lui ne devrait plus « pouvoir dire qu’il ne savait pas qu’un médicament était suspecté de poser problème » est-elle tenue ? Quels freins l’empêchent encore ? Ces questions dressent la trame de la vaste enquête menée par Me Antoine Béguin et Jean-Christophe Brisard avec le docteur Irène Frachon, à paraître jeudi, dans un livre que nous avons pu découvrir en exclusivité.
Prendre les patients pour des adultes
Thalidomide, Distilbène, Vioxx, Dépakine... La liste des médicaments et des scandales associés qui s’égrènent depuis l’après-guerre semble une sinistre ordonnance, au vu des victimes qui s’additionnent. Mais c’est en décortiquant les ressorts de chaque affaire, en analysant les cas d’autres molécules, comme la paroxetine (Deroxat), antidépresseur suspecté de risques suicidaires aux États-Unis mais toujours top des ventes en France, ou du dernier coupe-faim (Mysimba) américain, dont les gendarmes du médicament français (ANSM) ne veulent pas mais que l’Agence sanitaire européenne autorise, que se dessine la réponse. Elle se résumerait sur une copie d’un lapidaire « peut mieux faire ».
Dépakine : des mesures pour les victimes
La ministre de la Santé, recevant ce lundi midi l’association des victimes de la Dépakine, antiépileptique à base de Valproate de sodium qui augmente le risque de malformations et retards chez les enfants à naître, a annoncé de nouvelles mesures en leur faveur. Le rapport de l’Igas commandé en juillet pointait un retard d’information (en 2015) des femmes enceintes pour un risque connu depuis les années 1980. Marisol Touraine confirme qu’un pictogramme sera apposé sur les boîtes de médicament pour améliorer cette information aux futures mamans. Les familles, qui peinent aujourd’hui à faire établir un diagnostic, auront un parcours facilité, qui s’appuiera sur 8 centres de référence spécialisés dans les anomalies du développement et des malformations. Enfin, un registre national doit être mis en place pour recueillir de façon exhaustive les cas de malformations liées au Valproate.